Une odyssée de l’intime, par Stéphanie Di Domenico, photographe

©Stéphanie Di Domenico

Chaque jour est ultime, chaque jour est une épreuve, chaque jour est une résurrection.

Le temps nous possède, mais nous possédons le vaisseau de notre corps.

Nous pouvons le concevoir comme un temple, une offrande, une vibration, une surface sensible, poreuse, entre l’autre et nous, entre le monde et l’inconnaissable qui nous dévore.

Le premier opus de nature autobiographique de Stéphanie Di Domenico est d’une grande beauté et d’une rare franchise.

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C’est un éloge du féminin, de sa puissance, de sa grâce, et, quelquefois, de son étrangeté.

Intitulé à la façon d’un song de Nirvana, Another day before death, cet ouvrage autopublié témoigne de la vie d’une femme, de sa solitude, de ses errances, de son attention envers le très vivant.

L’appareil photographique permet cette introspection, donnée ici, pour l’essentiel des images, dans un noir et blanc granuleux et graphique.

Le corps de l’exploratrice est tatoué, les ailes d’un rapace asiatique caressent ses seins.

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Il ne s’agit pas d’une entreprise simplement égotique, mais, à travers le corps d’autres modèles, d’une volonté de dire la vérité de la matrice féminine.

Il y a un bébé, du lait perlant d’un téton, des sexes menus et fendus dont on se demande comment ils ont bien pu accoucher d’un si grand monde.

Une main se lève pour toucher le soleil.

Il fait froid dans l’univers, fors, quelquefois, sur notre précieuse planète malade.

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Nous naissons, nous courons, nous nous égarons, on appelle cela une vie, frangée d’écumes et de désirs, de sentiment d’abandon et de plénitude.

Le petit être se nomme Amour, qui a laissé sur le giron de sa maman une trace brune, signe divin.

Alors que les nuages s’amoncellent, une femme s’étend nue sur des draps blancs.

Ses doigts s’égarent, ce sont des oiseaux migrateurs découvrant immédiatement la route de la chaleur.

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Stéphanie Di Domenico ne distingue pas le corps humain de la nature qui le contient, les ciels, les rivages, les bois.

La sensualité partagée n’est pas un piège, comme le croient les esprits ascétiques, mais la possibilité de découverte d’un royaume unique.

Il faut se donner, s’épouser, s’embrasser, quel autre salut ?

Il faut jouer, et rien n’est bas pour qui comprend la dimension sacrée de l’existence, des fluides et des moindres gestes.

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Les mystiques arrivent à l’élargissement par l’extase en empruntant des voies étroites, mais nous, qui sommes plus modestes, parvenons aussi quelquefois à trouver des chemins de félicité qui renversent notre regard.     

Voici la femme au visage de chat, la femme au sein coupé, si belle de fleurs, et voici les chevaux du temps traversant les fougères de toutes les mélancolies.

Un homme a le cou marqué, où l’on peut lire banlieue triste.

Des femmes s’aiment, les poitrines se frottent, les chevelures s’emmêlent.

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Le journal de Stéphanie Di Domenico est une odyssée de l’intime, un geste rock et vrai lancé dans l’empire de la fausseté.

C’est un livre sans masque composé souvent de triptyques montés cut, un cri de désir avant de mourir, une chaîne tendue entre les jambes d’une femme jouissant terriblement de ne plus s’appartenir, enfin.

Another day before death donne tout, en cherchant des points de sacrifice et de consolation dans le labyrinthe des jours.

Stéphanie Di Domenico, Another day before death, graphisme Stéphane Huvé, autopublication, 2022

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Contact : stephanie.phototherapie@gmail.com

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