Poétiques de lumière, par Thomas Leroy, photographe

©Thomas Leroy

J’ai découvert par hasard, dans une librairie d’Ajaccio, le premier livre autopublié de Thomas Leroy, dix-neuf ans.

Un Semflex posé sur le giron nu d’un modèle, une ode à la lumière, la puissance physique et sensible d’un marin appelé Ulysse, les rues étroites d’une ville du Sud où la religion, catholique, de culte marial, est encore très présente.

Je l’ai contacté – son mail est en fin de volume -, nous nous sommes rencontrés, nous avons pris le temps de converser, surtout sur l’art : le goût de la photographie, des appareils et des techniques (la dernière partie de son livre montre des images effectuées avec une antique camera obscura achetée dix euros chez un brocanteur local), la peinture classique (le musée Fesch est à deux pas), le dessin (il me donne à voir un carnet de croquis), le théâtre (son avenir proche).

©Thomas Leroy

Photographies est un recueil, premier geste affirmé où l’artiste expose, par chapitres, l’étendue de ses visions et sa pensée du beau comme partage, qu’il s’agisse d’une atmosphère, d’un visage, d’un corps, féminin ou masculin, d’une église.

On ne trouvera pas ici le renouvellement des codes, parfois si stérile, des forts en thème, mais l’approfondissement d’une présence, une façon de basculer tout entier, avec engagement, dans le mystère des formes, des traits, des êtres.

On reconnaît certes Ajaccio et ses alentours, ou tel musée de la ville de Florence, mais l’on reconnaît surtout ce territoire de désir et de traversée du miroir qu’est l’amour de l’art.

©Thomas Leroy

Voici un cardinal propitiatoire, un jeune homme, des palmiers.

Voici des ciels tourmentés, des corridors remplis de sculptures, une mer de goudron.

Voici une flaque d’ombre, une procession, le feu du dieu Soleil.

Les nuages sont des vagues, et l’on sent bien que tout pourrait chavirer en se mettant à parler, l’oiseau comme les roches des îles Sanguinaires, le voilier isolé là-bas, si petit, et le bas-relief d’inspiration romaine, la forêt de pins et le buste de César-Napoléon.

©Thomas Leroy

Un drap blanc dans un grenier hors d’âge, une amie dévêtue, une recherche de poses.

La douceur de la relation est évidente, comme le souhait commun de magnifier l’éternel féminin.

Deux fenêtres comme sources de lumières, un fauteuil, la vérité platonicienne manifestée en un corps aux lignes pures.

Photographies enchante parce qu’il ne triche pas, qu’il s’élabore depuis un point d’innocence ne devant rien aux bas calculs des décideurs du moment, et qu’il offre la chance, au noir et blanc argentique, de nous accompagner de nouveau vers l’incarnation, vers le mythologique, vers l’historique, vers le géologique et vers l’énigme du visible.

Créer pour sauver son âme, c’est tout, c’est l’horizon, c’est la frontière de l’impossible.

Thomas Leroy, Photographies, autopublication, 2023

Contacter l’artiste : thomasleroy.contacts@gmail.com

https://www.instagram.com/_thomas__lry/?hl=fr

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  1. Merci pour cette belle découverte !

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