The common decency, par Helga Paris, photographe

©Estate Helga Paris

Passée par l’univers de la mode et du design, Helga Paris (1938-2024) est une photographe autodidacte très sensible à la façon dont les personnes qu’elle représente mènent leur vie quotidienne.

On parlerait en France, pour certaines de ses images, de photographie humaniste, oui, pourquoi pas, mais avec cette rigueur dans les portraits d’un Paul Strand et de ses héritiers.    

Le très bel ouvrage Für uns – accompagné d’une exposition éponyme à Berlin – témoigne de cinq décennies de travaux photographies de haute qualité, révélant en outre une série new-yorkaise inédite.

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Ayant vécu en RDA, Helga Paris possède le sens du commun, son socialisme n’étant pas un effet idéologique mais une pratique concrète de la fraternité et du respect.

Un autoportrait au Rolleiflex dans une psyché daté de 1968 ouvre le livre, suivi d’un autre – même cadrage – où le visage en poster de Marilyn Monroe et des dessins d’enfant viennent s’interposer.

La notion de féminité est interrogée : comment grandit-on en tant que femme ? Que montrer de soi ? Jusqu’à quel point nous piégeons-nous et nous dévoilons-nous dans la fabrique des apparences ?

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Helga Paris ne cherche pas la joliesse, mais dans la sérialité de ses apparitions – suit un polyptique de seize autoportraits – la vérité d’une intériorité exprimée par le visage.

Elle photographie en studio sur fond neutre au début des années 1980 de jeunes Berlinois.es, et des personnes âgées dans une résidence collective – où l’on ne sait pas finalement qui sont les plus punks des individus rencontrés, généralement esseulés.

Ses portraits d’ouvrières de plusieurs générations sont remarquables, rendant compte d’une grande confiance lors de la prise de vue.

©Estate Helga Paris

Des photographies de Berlin vide font songer à Atget, alors que le mur de séparation s’effondre.

Une série sur les pubs de Berlin pourrait être anglaise, ou, pour la façon dont le peuple est regardé, de Stéphane Duroy, entre besoin de chaleur collective et solitude ontologique.

Helga Paris photographie en 1995 des juifs russes vétérans de guerre bardés de médailles, mais aussi, en Allemagne et à Rome, des groupes d’amis, des couples, et des artistes de renom (le peintre Carlfriedrich Claus, le dramaturge Heiner Müller, Robert Frank, l’écrivaine Christa Wolf).

©Estate Helga Paris

Contribution à l’histoire des femmes photographes, Für uns est un livre important dans la reconnaissance internationale d’une artiste de talent, attentive à la condition humaine, sans oublier les bruits de bottes de la soldatesque – dernières images montrées – frappant constamment à la porte de l’histoire.

Helga Paris, Für uns, textes Udo Kittelmann, Helga Paris, Marina Paulenka, design by Laura Pecoroni, Kehrer Verlag, 2025, 240 pages

https://helga-paris.de/

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https://www.kehrerverlag.com/en/helga-paris-fuer-uns-978-3-96900-219-3?___from_store=de

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Expositions : Fotografiska Berlin, du 6 septembre 2025 au 25 janvier 2026, puis à Tallinn et Stockholm

https://berlin.fotografiska.com/en/exhibitions/helga-paris

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. Bonjour, Fotografieren « wie eine fremde Stadt in einem fremden Land ». Photographier comme si l’on était dans une ville étrangère d’un pays étranger, trouve-t-on mentionné dans un article d’une publication allemande faisant part de sa mort. Intéressant Merci pour la tenue de qualité de votre blog. Michel Perret :::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

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