« Je tâcherai de garder la joie de voir les choses puisque de toute façon chaque type est seul, c’est comme ça, mon pauvre monsieur. » C’est évident pour beaucoup, peut-être, mais il n’y aurait pas Robert Doisneau sans Jacques Prévert, comme il n’y aurait pas Jacques Higelin sans Prévert et Cocteau, c’est-à-dire sans une…
Étiquette : correspondance
Les vraies richesses, par Lucien Jacques et Jean Giono, amis
« Ecoutez compagnons… » Lucien Jacques, Le sourcier de Giono est un très beau titre pour évoquer la mémoire de celui qui fut graveur, peintre (essentiellement aquarelliste et graveur), poète, directeur de revue, et éditeur important, publiant le célèbre écrivain dès les années 1920. Concomitante de l’exposition Giono présentée au Mucem, une deuxième exposition au…
André Breton et Paul Eluard, uniques dans le présent
La guerre et les conflits internationaux eurent raison d’une amitié qui fut pourtant vive pendant une quinzaine d’années entre Paul Eluard et André Breton. Les archives s’ouvrent, les familles sont intelligentes, les documents apparaissent, venus ici essentiellement, pour la Correspondance entre les deux écrivains, du fonds de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, place du Panthéon,…
Politique et amitié, Panaït Istrati-Romain Rolland, une correspondance
On peut s’effrayer quelquefois de la grosseur des volumes des correspondances, 700 pages pour les lettres inédites (1804-1828) de François de Chateaubriand à Delphine de Custine et Claire Duras (Gallimard, 2017), 1950 pages pour la Correspondance 1854-1898 de Stéphane Mallarmé (Gallimard, 2019). Pourtant, la perspective de s’approcher de la matière même des écrivains (la vie,…
Ecrire et vivre depuis le point d’indivisibilité, Simone Weil et Joë Bousquet, une correspondance
« Pour chaque être humain, écrit Simone Weil à Joë Bousquet le 12 mai 1942, il y a une date, inconnue de tous et de lui-même avant tout, mais tout à fait déterminée, au-delà de laquelle l’âme ne peut plus garder cette virginité. Si avant cet instant précis, éternellement marqué, elle n’a pas consenti à…
Le parti pris des paysages, par Beatrix von Conta, photographe
Glissement de terrain est un titre qui m’enchante, parce qu’il me fait penser à celui du film d’Alain Robbe-Grillet, Glissements progressifs du plaisir (1974), œuvre librement inspirée de La Sorcière de Jules Michelet (1862) mettant en scène une succession de décalages, rapprochant la réalité des fantasmes, et qu’il appartient au vocabulaire des géographes. Entre observation…
Des intentions vicieuses pour se chavirer un peu, lettres de Lou à Guillaume Apollinaire
« Mon Gui, je suis malade d’excitation… et je t’aime à la folie… tes vers intitulés « Un rêve » où je suis le petit garçon que tu fouettes si bien !… ces vers me font trembler de désir et d’amour ! je n’en peux plus… je t’écris vite avec la folle impatience d’être seule dans mon petit lit, lumière…
Des violettes blanches et du chocolat doré, Robert de Montesquiou et Marcel Proust, une correspondance
Marcel Proust, dans une lettre écrite en novembre 1909 : « Cher Monsieur, […] Je me débats sans avancer, les jours où je ne souffre pas trop, dans un roman qui vous donnera peut-être un peu plus d’estime pour moi si vous avez la patience de le lire. » Lire aujourd’hui la correspondance Proust-Montesquiou, lorsque l’on n’a pas…
Le prix de l’écriture, par Pierre Bergounioux et Jean-Paul Michel
« On est désormais deux grands garçons qui n’ont plus rien à foutre du plus-que-parfait du subjonctif. » Dans ses journaux intitulés Carnets de notes (trente-cinq années disponibles chez Verdier en quatre gros volumes), dans ses essais (Le style comme expérience, L’Olivier, 2013), dans ses entretiens (Où est le passé, avec Michel Gribinski, L’Olivier, 2007), Pierre Bergounioux…
Courir plus vite que la beauté, Pablo Picasso et Jean Cocteau, une amitié de cinquante ans
Jean Cocteau à Pablo Picasso, le 25 septembre 1915 : « Mon cher Picasso, il faut vite peindre mon portrait parce que je vais mourir. » Dans un article du dernier numéro de La Nouvelle Revue Française (n°630), Philippe Blanchon revient sur l’importance – méconnue – pour les Américains influents de l’entre-deux-guerres, notamment T.S. Eliot et Ezra Pound,…
Du thym dans les cheveux, Maria Casarès – Albert Camus, une correspondance amoureuse
« Je suis si heureux, Maria. Est-ce que cela est possible ? Ce qui tremble en moi, c’est une sorte de joie folle. » (juin 1944) Chers amis, l’hiver sera bouleversant, passionnant, brûlant, et c’est Gallimard-Héphaïstos qui mène la danse. « Il n’y a qu’une clairvoyance, celle qui veut obtenir le bonheur. » (juin 1944) Paraissent simultanément en collection…
On mène une vie étrange et merveilleuse, Nicolas Bouvier et Thierry Vernet, le feu des lettres sur la route
« Le voyage se passe très bien. J’ai largement la place de m’étendre, j’ai pioncé la nuit dans mon sac. J’étais super pépé et le foie qui tirait un peu. J’ai bouffé que des pommes. Mais ce voyage est nettement vacances. Je suis accroupi sur un plumard et ça roule. Tout à l’heure j’ai fumé une…