Bacon, une sorcellerie, par Yannick Haenel, écrivain

Autoportrait, 1971, Francis Bacon « S’il y en a un parmi les peintres, qui avait la couronne et qui, chaque nuit, dégringolait de son trône, c’était bien lui ; mais il avait beau s’enivrer dans les pubs et se déchaîner dans les casinos, il restait le roi. Je crois même qu’en se livrant à ces excès, roi,…

Un dandy dans le Berry, par Frédéric Berthet, écrivain

  Maison près d’Orléans, 1830, Jean-Baptiste Camille Corot « J’ai, à Paris, deux amis écrivains de mon âge qui gagnent entièrement leur vie grâce à ce qu’ils écrivent. Ce qui paraît évident, irait-on supposer qu’un plombier gagne la sienne en disputant des tournois de tennis, ou inversement, mais il paraît que, dans le cas précis des…

Francis Bacon, au bord de l’abîme, par Gilles Sebhan, écrivain

Francis Bacon (1909 – 1992), Autoportrait, signé, titré et daté 1975, huile sur toile, 35,5 x 30,5 cm « Avant que de l’avoir vu, je sus que Stilitano, et lui seul, était pris, visiblement égaré dans les couloirs de verre. Personne ne pouvait l’entendre mais à ses gestes, à sa bouche, on comprenait qu’il hurlait de…

La politique des poètes, par Jean Frémon, galeriste, critique d’art

Etel Adnan, Paysage, 2014. Huile sur toile, 32 x 41 cm. Donation Claude & France Lemand 2018. Musée, Institut du monde arabe, Paris. © Etel Adnan. Photo Jean-Louis Losi « Nul d’entre nous n’est égal au total exact de ses apparences. » (Paul Valéry, Introduction à la méthode de Léonard de Vinci) Mes lecteurs réguliers ont peut-être…

Ecrire, à perdre la tête, par Michel Leiris

« l’érotisme « épouvantable en même temps que si beau », tel qu’il m’apparaît : je ne puis plus penser à des seins, à des gestes érotiques sans avoir envie de pleurer. Tant de candeur, tant d’espoir pour en arriver là ! Quelle mécanique ! Haine de ma mère… Pourquoi – jamais – n’ai-je été réellement amoureux » (Michel Leiris, 29 janvier…

Bacon encore et toujours, par David Sylvester, critique, écrivain

« David Sylvester et Francis Bacon étaient, chacun à sa manière, des êtres lumineux et sombres, imprévisibles, singuliers, excessifs et délicats, des passionnés capables de distance, des personnages de roman. « (Jean Frémon) Il m’émeut beaucoup de penser que sur une longue période Francis Bacon, Alberto Giacometti, Jacques Dupin, Jean-Paul Sartre et Michel Leiris (par conséquent Georges…

Todo, Nada, par Marie Sordat, photographe

©Marie Sordat Nada – rien du tout – est un livre de haute solitude de Marie Sordat. Il faut parfois savoir détruire, rompre des liens, des attaches toxiques, d’anciennes formes devenues stériles, pour accéder à des noyaux de vérité en soi. Détruire, dit-elle, écrivait Marguerite Duras. ©Marie Sordat « Détruire, parfois, est l’achèvement de l’édifice », écrit…

La peinture comme désir, par Yannick Haenel, écrivain

La Mort de Sardanapale, 1827, 3,9 x 4,9m, Eugène Delacroix Pour Baudelaire célébrant Delacroix le poëte en peinture – contre Hugo l’académicien – dans son fameux Salon de 1846, le tempérament, voluptueux, violent, voire la naïveté géniale, est le secret de la préservation de l’âme. « Delacroix, écrit-il, est le seul aujourd’hui dont l’originalité n’ait pas…

Ulysse, le don des arts, par Milan Garcin, commissaire d’exposition

Primatice, Ulysse à Ithaque, le jeu de l’arc, fin XVIè siècle, huile sur toile, 148 x 205 cm, Fontainebleau, château de Fontainebleau Aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a eu en France très peu, voire pas du tout, d’expositions consacrées au voyage méditerranéen d’Ulysse. Faisant l’ouverture d’un nouveau lieu culturel de prestige, L’Hôtel…

Le chant intérieur de l’image impassible, par Arnaud Claass, photographe, critique

« Devant ces myriades de jeunes artistes avec plans de carrière et coaching de soi-même, il m’arrive d’être pris d’un sentiment de culpabilité. Si j’ai la réputation d’avoir été l’un de ceux qui ont défriché le terrain de l’enseignement de la photographie en France [à l’Ecole nationale supérieure de la photographie d’Arles], se pourrait-il que j’aie…

Continuer le visage, par Frédéric Pajak, dessinateur, écrivain, éditeur

© Anne Gorouben – 2020 « Si c’était moi qui toujours devais rester jeune, et si cette peinture pouvait vieillir !… Pour cela, pour cela je donnerais tout !… Il n’est rien dans le monde que je ne donnerais… Mon âme, même ! » (Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray, Albert Savine, 1895) Quel bonheur de commencer la journée…

Des fusées pour Francis Bacon et Antoine d’Agata

« Je voudrais avoir une énorme pièce couverte de miroirs déformants, du sol au plafond. De temps en temps, il y aurait un miroir normal, intercalé entre les miroirs déformants : les gens seraient si beaux lorsqu’ils s’y refléteraient. » (Francis Bacon) J’avais seize ans, je ne connaissais rien ou presque rien à la peinture, mais j’avais découvert…