©Beatrix von Conta « Si l’on ne trouve pas surnaturel l’ordinaire, à quoi bon poursuivre ? » (Charles-Albert Cingria, La Fourmi rouge) Je ne connaissais des îles d’Aran, situées à l’ouest de l’Irlande, que le film documentaire de Robert Flaherty (1934) et les descriptions données par Nicolas Bouvier dans son journal de l’hiver 1985. Des îles battues par…
Étiquette : Irlande
En mémoire de Wilde, par André Gide, écrivain
« Je n’étais plus le capitaine de mon âme et je ne le savais pas. » (Oscar Wilde, La Ballade de la geôle de Reading) Le lien d’amitié entre André Gide (1869-1951) et Oscar Wilde (1854-1900) fut assez ambigu, à la fois admiratif et très critique. Gide appréciait chez le sulfureux irlandais au français quasi parfait l’éblouissante…
L’important, c’est la rose, par Yan Morvan, photographe
© Yan Morvan / Galerie Thierry Marlat En mai 1981, il y a quarante ans, François Mitterrand, porteur des espoirs si souvent déçus du peuple de gauche, devenait, pour deux septennats, Président de la République française. En mai 1981, le photojournaliste Yan Morvan engagé par l’agence Sipa Press a vingt-sept ans, arrivant d’Irlande où il…
Conter Jules Verne en vers justifiés, par Florence Trocmé, poète
Pour bien saisir la portée poétique du livre de Florence Trocmé, P’tit Bonhomme de chemin (LansKine), il convient de faire un point sur le vers justifié, puisque telle est ici la forme appliquée dans la réécriture d’un texte méconnu de Jules Verne, P’tit Bonhomme, paru en 1893. « Il s’agit, écrit Patrice Houzeau en 2008 –…
Dublin à bout portant, par Eamonn Doyle, photographe
© 2019 Eamon Doyle Auteur de trois livres autoédités épuisés, I, ON et End., aujourd’hui regroupés dans Dublin Trilogie publié aux éditions Textuel, Eamonn Doyle fut l’une des découvertes majeures du festival de la photographie d’Arles l’été 2017. Son œuvre de forts contrastes, très cinématographique, cadrée serrée, allant au contact de la chair de ses…
Aux marges du visible, par Sophie Gabrielle, photographe
Through a vulnerable occur est le onzième opus des éditions IIKKI, fruit d’un travail entre la photographe australienne Sophie Gabrielle et le musicien Seabuckthorn, fixé à la fois sur papier et sur disque. Il est ici question d’une scène propice à la pantomime comme à l’apparition du mystère, tel qu’on l’exprime lorsque quelqu’un meurt, ou…
De l’amour non partagé, William Butler Yeats par son traducteur, Claude-Raphaël Samama
Poème Présences (The Wild Swans at Coole, 1919) : « Cette nuit avait été toute d’étrangeté, semblant / Vouloir dresser mes cheveux sur ma tête. / Après que le soleil s’était couché, je fis ce rêve / Où des femmes hilares, timides ou en furie, / Dans leurs dentelles ou couvertes de soie, / Escaladaient bruyamment mon…
La beauté partout, par Martine Franck, photographe
Il y a une joie Martine Franck qui est un bonheur de vision embrassant le monde avec fraternité, ses ouvriers, ses artistes, ses démunis, ses beaux fous, ses enfants, ses vieillards. Il y a une drôlerie Martine Franck, inventant des compositions malicieuses déjouant les pesanteurs de l’esprit de sérieux et du reportage de commande, notamment…
Appleby, ou la rencontre des insoumis, par Mattia Zoppellaro, photographe
J’ai présenté dans L’Intervalle il y a quelques mois le superbe Testament manouche, de Louis de Gouyon Matignon (texte) et Benjamin Hoffman (images) aux éditions de Juillet (2016), témoignage assez désenchanté sur l’acculturation à la société marchande et mass-médiatique d’une communauté tendant à perdre sa culture vernaculaire. Je ne sais s’il y a un terme…
Le solo de cornet des îles gaéliques, Hugh MacDiarmid poète écossais, ou la grande amitié des choses créées
La publication du premier recueil anthologique du poète écossais Hugh MacDiarmid, Un enterrement dans l’île, par les éditions Les Hauts-Fonds est un événement. Considéré en Ecosse comme un poète majeur, très peu nombreux sont les lecteurs de la sphère francophone à le connaître. La superbe traduction du poète Paol Keineg permet aujourd’hui de réparer une…
Sur un air de John Dowland, le passage de la nymphe, par James Joyce
Pourquoi la rencontre d’une nymphe bouleverse-t-elle tant ? « Qui ? Un visage pâle cerné de lourdes fourrures odorantes. Ses gestes sont craintifs et nerveux. Elle utilise un face-à-main. Oui. Une brève syllabe. Un rire bref. Un bref battement de paupières. » Vénus à la fourrure (Leopold von Sacher-Masoch), Molly qui s’ignore (oui), la jeune personne de qualité que…