©Adrien Tache Fugees, d’Adrien Tache, est un livre reposant sur l’échange, le don/contre-don, le partage d’opacité. Prenant le mot réfugié en son sens métaphysique – nous sommes tous des égarés, des exilés, des êtres perdus, déplacés, désorientés -, le photographe indépendant ayant beaucoup voyagé a rassemblé dans son livre publié par Saturne éditions des images…
Étiquette : langage
De la réalité comme kosmos commun, par Jean-François Billeter, philosophe
Héraclite d’Ephèse « La plupart du temps, la réalité [physis] reste cachée. » (Héraclite, traduction de Jean-François Billeter) Nous vivons comme des somnambules, nous dormons, ce que nous prenons pour la réalité est un songe. Cette pensée n’est pas neuve, mais elle est généralement occultée, ou manquée dans sa dimension de révolution intérieure. Relisant Héraclite, à partir de…
Quando la casa brucia, par Giorgio Agamben, philosophe
L’incendie de la Chambre des Lords à Londres, 1835, Turner « Il peut arriver que la vie disparaisse sur Terre, que plus aucune mémoire ne demeure de ce qui a été fait, ni du bien, ni du mal. Mais toi, continue comme avant ; il est trop tard pour changer, il n’y a plus de temps. » Premier…
Veiller, par Xavier Bazot, écrivain
Edouard Vuillard, La petite fille au volant, circa 1899 « Savez-vous quelle est la différence entre le communisme et le capitalisme ? Sous l’un ou sous l’autre régime, l’écrivain gagne sa vie en étant veilleur de nuit. » Je ne connaissais pas Xavier Bazot, pourtant auteur chez P.O.L., Le Serpent à Plumes et Champ Vallon de six livres…
My chief happiness manager est un salaud, par la revue Lignes, n°62
Le dernier numéro de la revue Lignes (62), consacré aux « mots du pouvoir et au pouvoir des mots », est excellent, qui offre à ses contributeurs la participation à un dictionnaire critique permettant, à la façon de Victor Klemperer, ou de Eric Hazan, de faire un état des lieux des maux langagiers pourrissant notre…
Les barricades mystérieuses, par Jérémie Lenoir, photographe
Ce pourrait être une peinture inédite de Hans Hartung, Antoni Tàpies, ou Gerhard Richter, mais il s’agit de paysages photographiés depuis un hélicoptère par Jérémie Lenoir. Trente vues sidérantes de notre Terre-Mère, la Pachamama, réduite à des formes géométriques, abstraites, ordonnées selon une logique échappant d’abord à la pensée raisonnée, à Las Vegas, Guitrancourt, Anvers,…
Penser en temps de détresse, Paul Valéry, août 1933
« Les fascisme, bolchevisme et nazisme sont des idolâtries primitives à ingrédients mystiques » (XVI, 814) Dans une époque hideuse politiquement, détruisant méthodiquement le bien commun en soumettant chaque segment de réalité à la pensée calculante, lire à contretemps est une nécessité pour la vie de l’esprit. La publication d’un cahier inédit de Paul Valéry…
Suivre la piste des Noues, réinventer nos vies, par Marielle Macé, écrivain, enseignante
Attentive à la précarisation des existences, et aux conditions de l’invivable, Marielle Macé, enseignante à l’EHESS, écrivain, récuse dans un petit livre très stimulant, Nos cabanes (Verdier), le monde des « places » qu’on nous impose, misant avec les forces de la jeunesse sur d’autres destins possibles que ceux, réduits, ridicules, que la société nous…
Dans la perspective d’une vie passionnante, par le photographe Claude Dityvon
Lorsqu’il photographie Mai 68, Claude Raimond-Dityvon (1937-2008) rend compte de ce que peut être le théâtre d’une révolte majeure. Cofondateur avec son épouse Christiane et quelques autres bandits (Alain Dagbert, Martine Franck, Hervé Gloaquen, François Hers, Richard Kalvar, Jean Lattès, Guy Le Querrec) de la turbulente Agence Viva en 1972, Dityvon n’a pourtant commencé à…
Quand les murs riaient, criaient et embrassaient les passants, Mai 68 par Walter Lewino, Jo Schnapp et Michèle Bernstein
« la marchandise est l’opium du peuple » Sur Mai 68, on écrit, on va écrire, n’importe quoi. Pourtant, les murs ont alors pris la parole, inventé des phrases de réveil, qu’il suffit d’écouter, de relire, de découvrir, dans toute la force de leur jeunesse, de leur audace et de leur implacable humour, pour avoir la sensation…
Tiens ferme ta couronne, ou la vision du daim blanc, entretien avec Yannick Haenel (4/8)
La publication d’un nouveau roman de Yannick Haenel est un événement, non au sens du tapage produit par le manège médiatico-littéraire, mais au sens d’un combat renouvelé contre le mal, et les possibilités de salut. Dix ans après Cercle, voici de nouveau Jean Deichel, narrateur de Tiens ferme ta couronne, cherchant à rencontrer le réalisateur…
Tempus fugit, tempus jouit, ou l’œuvre carnavalesque de Roland Sénéca
On n’attrape pas l’Indien Sénéca, graveur pariétal de son état, comme on attrape des mustangs dans un film de John Huston. Parce que ce diable d’homme fuit de partout, et ne cesse d’échapper à toute tentative de réduction. Vous l’avez compris, la servitude volontaire n’est pas pour lui. Homme fontaine, comme il y a…