De l’ébranlement de la vision, par Laurent Jenny, écrivain et critique

Série Le langage des fleurs ©Anne-Lise Broyer « Voir n’est donc qu’entrevoir en une sorte d’interminable lapsus temporel, deviner une provenance, conjecturer une ouverture. » (Laurent Jenny) Notre regard est pour une grande part culturel. Nous ne voyons pas comme nos grands-parents percevaient, qui ne recevaient pas de la même façon que leurs aïeux une scène, un…

Une immense fissure, du silence en poésie, par Stefan Hertmans, écrivain

« Au cœur de la radicalité littéraire réside en fait non pas le cri d’Artaud, mais le mot impossible de Celan. » Le Gantois Stefan Hertmans, que publient en France les éditions Gallimard (Guerre et Térébentine, Le Cœur converti) et Le Castor astral (Le Paradoxe de Francesco, Antigone à Molenbeek), fait partie de ces écrivains dont la…

Atteindre l’aube, peut-être, par Elliott Verdier, photographe

©Elliott Verdier « L’aube tarde à venir car le silence et l’impunité, ces venins d’une même morsure, empoisonnent le présent et perpétuent le traumatisme. » (Gaël Faye) Premier livre de la toute nouvelle maison d’éditions Dunes, Reaching for Dawn, du photographe Elliott Verdier est un coup de maître. C’est un livre de silence, de pudeur, de secrets…

Words, lay me down, par Eric Sarner, poète

« J’écris sur Fernando Pessoa et sur la boxe, sur les mères de la place de Mai de Buenos Aires et sur Marcel Duchamp, sur le ladino, la langue des juifs d’Espagne, et sur l’art de Frank Sinatra. Je respire ainsi. Complètement. J’aime les puzzles. Les choses attendent toujours qu’on les conjugue. » Se définissant comme « voyageur-chroniqueur »,…

La panique, le silence, l’amour, par Gérard Berréby, poète

« tel un éclair / le mot se fracasse / contre le mur du doute » Le silence des mots, du poète, plasticien et éditeur Gérard Berréby, est un titre mallarméen pour un livre écrit au cœur de l’angoisse, de la menace, de la mort, et de l’ouverture par le corps, le visage, l’amour. Après Stations des…

Vers la clarté, par Charles Juliet, poète

« si tu n’as pas / connu / le naufrage / impossible / de gagner / la haute / mer » Il est rare de gagner le combat contre l’Obscur. Il est rare, à force d’obstination, d’ascèse, d’écriture de nudité, de marches incessantes dans le silence, de s’accorder à la lumière, et de ne pas la perdre….

Maurice Blanchot et le chant des sirènes, par Tiphaine Le Gall, écrivain (2)

  La rentrée littéraire est peu exaltante, atone, déprimante, masquée. Heureusement, il y a le premier livre de Tiphaine Le Gall, Une ombre qui marche (éditions de L’Arbre vengeur), dont j »ai écrit hier tout le bien que j’en pense. Pressentant des parentés entre cet ouvrage et Le livre à venir de Maurice Blanchot (1959), j’ai…

Le commencement de la terreur, par Patrick Bogner, photographe

« Je voudrais me contenter d’une seule parole, écrit Maurice Blanchot dans L’écriture du désastre (1980), maintenant pure et vive dans son absence, si, par elle, je n’avais à porter tout l’infini de tous les langages. » Dans une adresse à l’ethnologue et écrivain Jean-Yves Loude (Un Cargo pour les Açores, Actes Sud, 2018), reproduite en préface…

Théâtre, mer de ténèbres, par Claude Régy, auteur-metteur en scène

« Je me suis aperçu que le silence n’était pas muet. Que le silence, comme le dit Meschonnic, n’est pas un arrêt du langage mais que c’est, en fait, une catégorie du langage. C’est-à-dire qu’il y a une qualité d’expression qui ne peut s’atteindre que dans le silence et par le silence. » Claude Régy a créé…

Lettre à Samuel Beckett, par Yannick Haenel, écrivain

J’ai reçu de Yannick Haenel copie d’une lettre écrite pendant le confinement pour Samuel Beckett, texte lu un soir pour la radio-télévision belge. Il est inédit en français. Je vous le transmets, sans commentaire, comme on se passe le feu en silence, alors que gagnent les ténèbres. « Montreuil, le 1er mai 2020 Cher Samuel Beckett,…

Dessiner le silence, apprivoiser le noir, par Anne Gorouben, artiste

J’ai découvert le travail graphique d’Anne Gorouben grâce à Léa Veinstein, ayant choisi pour l’illustration de couverture de l’édition de sa thèse, Les philosophes lisent Kafka, Benjamin, Arendt, Anders, Adorno (Editions de la Maison des sciences de l’homme, 2019), un pastel sec sur carton intitulé Berlin W. Emu par la profondeur de silence et de…