Petites folies en fioles, par Jean-Pierre Bobillot, nez poète

« A chaque clé suffit son pène. » Dernières répliques avant la sieste [notes sur le risible – II & III], de Jean-Pierre Bobillot, pourrait être une dystopie farcesque, mais c’est mieux que cela, puisque c’est un jeu de réappropriation littéraire survivaliste, une façon de ne pas s’en laisser compter, une énergétique verbale. Il est préférable de…

Bacchus fugue, par Farhad Ostovani, peintre

© Farhad Ostovani Comme souvent, je prends les œuvres en cours de route, m’affligeant un instant de mon retard – seize livres avec Yves Bonnefoy, tout de même -, puis le bénissant, gages de découvertes encore innombrables. Je me lasse ainsi pas de regarder depuis plusieurs jours deux très beaux livres du peintre iranien installé…

Arthur Schopenhauer, correspondance

« Lorsque quelqu’un qui a marché toute la journée arrive au soir, écrit Pétrarque, cela suffit. » A certaines heures du jour, c’est le vide, la stupeur, l’inquiétude. Pour contrer l’égarement spirituel, il me faut des armes, puissantes. Par exemple les deux tomes de la correspondance de Schopenhauer (1788-1860), dont l’œuvre est si mal connue…

Journal de deuil et de regard, par Hélène Giannecchini, écrivain

« Ce qui nous tue nous décore aussi. » « Le deuil met le monde en mouvement » (Pierre Fédida), oui, peut-être, sûrement. Une personne que l’on aime meurt subitement, qui interroge l’écriture de nos vies, ses lignes, les signes d’abord inaperçus d’un malheur se préparant, déjà décidé. On interroge les astres, on se retourne la peau,…

L’Hexaméron d’Italo Calvino, six leçons pour traverser le siècle

Les Anciens, au moment d’inventer leur poème, invoquaient la Muse, cette puissance ordonnatrice, cette gardienne de la Mémoire, parce qu’arracher un fragment au tout racontable nécessitait quelque précaution, quelque protection, quelque force supérieure. Quand tout est devenu arbitraire, il reste aux Modernes la teinte de l’ironie, parfois sublime, comme chez Robert Musil, dont voici l’incipit…

L’Europe comme espace d’inspiration, par le germaniste Peter von Matt

Le philosophe et romancier Denis Diderot (1713-1784) donne dans L’Encyclopédie une définition parfaite de la nation :  une certaine quantité de peuple, rassemblé sur un territoire donné, et se plaçant sous l’autorité d’un même gouvernement. Cette définition peut paraître minimale, mais elle évite bien des malentendus. Il ne s’agit pas en effet comme chez Johann Gottfried…

Les fraises du Campo Santa Margherita, par Matthias Zschokke, écrivain suisse à Venise

Quand on aime Venise pour sa qualité de présence, la possibilité qu’offre au promeneur cette Souveraine d’entrer dans une solitude féconde, sa beauté inimaginable, le moindre livre relatant sans fausse pudeur l’expérience de sa rencontre est reçu comme une invitation à la retrouver, intacte, distante, aristocratique, triviale, et salvatrice. Invité en 2012 par une fondation…