Les poupées vivantes, de Pupa Neumann

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Pupa Neumann, son nom le dit, aime jouer à la poupée.

Les femmes qu’elle se plaît à photographier sont de purs fantasmes, des automates de chair et de porcelaine, dont on perçoit la puissance de cruauté dans le regard et les ongles finement vernissés.

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Voilés, dévoilés, les trois modèles féminins terriblement séduisants de l’ouvrage au titre ironiquement proustien La Madeleine de Gide offrent le triple visage d’une même femme, inspirée de l’épouse d’un grand écrivain homosexuel français, qui l’appelait secrètement Mnémosyne.

Le mariage ne fut jamais consommé, Madeleine était un songe, un paravent, un arrangement, une chère amie.

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Apparaissent dans des compositions très picturales – l’utilisation de la couleur n’est pas sans rappeler Vertigo d‘Alfred Hitchcock ou Mulholland Drive de David Lynch – de jeune femmes d’autant plus fatales qu’elles n’oublient pas d’être drôles.

L’une s’emmêle les bras lorsqu’elle essaie d’ôter sa chemise par la tête, l’autre a les couettes qui s’envolent, quand la troisième ferme les yeux devant un petit lapin en plastique jaune.

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Infantes à la Vélasquez, ou vermeeriennes malgré elles, mais en beaucoup plus pop, les personnages qu’invente Pupa Neumann (le premier flash est toujours la rencontre d’une inconnue, dans la rue, dans un café) ont la féminité irrésistible des petites filles criminelles, innocentes dans un monde coupable.

Pénétrées de toutes parts, pénétrantes, ces femmes de convoitise sont pourtant des vierges idéales, parce que leur âme semble inatteignable au regard qui les fend.

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Elle : « J’aime les femmes. Ce n’est pas un secret, j’aime les regarder. »

Elle : « Lorsque je suis photographe, je ne suis pas une femme, mais une voyeuse »

Elle : « J’aime les nuques, les fossettes, les taches de rousseur. J’ai un faible pour les cheveux blonds et fins, les corps longs et minces, la peau diaphane. Mais j’aime aussi les brunes, les rousses, les petites… Je regarde les femmes comme je regarde un tableau. La femme est un miracle. »

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Belles pour rien, comme ces gargouilles inconnues de Notre-Dame de Paris sculptées pour le plaisir de Dieu, ou de Sainte Lilith, les divinités perverses de Pupa Neumann sont des mantes religieuses capables de nous entraîner dans le noir de l’image (fin du volume) pour nous y faire disparaître, corps et biens.

Prenez garde, messieurs, il n’y a pas d’égalité.

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Pupa Neumann, La Madeleine de Gide, 2016

Découvrir le site de Pupa Neumann

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