La lumière des danses macabres, par Jean-Paul Marcheschi, peintre et sculpteur

Ile
© Jean-Paul Marcheschi

J’apprends avec joie que le peintre et sculpteur Jean-Paul Marcheschi participera bientôt à l’exposition collective ayant lieu à l’espace Topographie de l’Art (Paris), IMAGETEXTE 5 (commissariat Horst Haack).

Occasion de reprendre le catalogue (éditions Art3 Plessis) de l’exposition que lui a consacrée le Musée de Bastia au Palais des gouverneurs, l’été 2015, Abîmes Abysses.

En des peintures noires, tumultueuses, surgissent des gouffres et des enfers, des tempêtes de crânes remplis d’eau et des déluges d’êtres.

Abysses 2
© Jean-Paul Marcheschi
Ames errantes
© Jean-Paul Marcheschi

L’univers de Jean-Paul Marcheschi est résolument baroque, médiéval, d’angoisse et de volupté : c’est une méditation sur la mort et la pauvreté insistante de nos visages.

Son œuvre est une violence continue, un remous des profondeurs, un vertige d’encre hugolien.

Son pinceau semble parcourir les corniches de souffrance de Dante : il est de ténèbres, fait de suie, de cire, de suées effrayantes.

Abysses 2015
© Jean-Paul Marcheschi

Abîmes Abysses est un chaosmos, un champ d’énergie première, brute, un summum de délicatesse tendue et de lucidité.

Son lyrisme, avant d’être personnel, est celui d’une célébration de la nature en tant que matière, et de l’écriture secrète des formes, stellaires, minuscules, organiques.

Son travail est sans concession, car l’artiste veut le sublime, l’infini, le dépassement des limites, comme une overdose de vie, de mort, de naissances bizarres.

Cercle rouge
© Jean-Paul Marcheschi

Tout bout, coule, s’envole, plonge, s’échappe, flotte.

Le portrait en Héphaïstos dans sa forge que fait de lui Gabriel Matzneff est superbe : « Que ce soit dans son atelier, une galerie ou un musée, chaque fois que je m’immerge dans le travail de Jean-Paul Marcheschi, j’ai l’impression d’un plongeon dans un des livres qui m’ont le plus marqué lorsque j’étais adolescent : La Civilisation en Italie au temps de la Renaissance de Jacob Burckhardt. Parmi les artistes d’aujourd’hui, s’il en est un qui semble jaillir tout armé des pages de Burckhart, c’est bien Jean-Paul Marcheschi. Il vit, crée en 2015, mais il pourrait aussi bien vivre et créer sous le règne de Laurent le Magnifique ou celui de François 1er. Si une machine à remonter le temps le transportait soudain en 1470 ou 1515, il ne serait pas dépaysé mais se sentirait chez lui. Il y a du Caravage en lui ; mais, par la variété de ses dons, il me fait aussi songer à un Benvenuto Cellini, sculpteur, orfèvre, graveur, artiste fougueux dont le génie semper juvenescens sut se nourri simultanément de la tradition italienne et de la tradition française. Jean-Paul Marcheschi est un moderne Benvenuto Cellini qui aurait en outre la chance, par-delà sa culture italienne et française, d’être viscéralement corse. Prodigieux enrichissement. »

Des âmes errantes parcourent les salles d’exposition, se reconnaissent dans les toiles qu’elles frôlent, rêvent de les rejoindre.

Flambeaux
© Jean-Paul Marcheschi

Feu, flammes, puits de cendres, conversion et résurrection.

Aucune place pour l’anecdote.

Jean-Paul Marcheschi compose des leçons de ténèbres, qui bien entendu sont lumineuses pour qui cherche la vérité en peinture et sait nous la dire.

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Jean-Paul Marcheschi, Abîmes Abysses, préface de Gilles Simeoni, avant-propos d’Elisabeth Cornetto, textes de Gabriel Matzneff, Henri Orengo da Gaffory, Marie Ferranti, Françoise Graziani, Antoine Graziani et Jean-Paul Marcheschi, Art3 Plessis, 2015, 140 pages

Art3 – Plessis Editions

Site de l’espace Topographie de l’Art

Exposition IMAGETEXTE 5, du 8 septembre au 8 novembre 2018 – artistes présentés : Aurélie Dubois, Alain Galaup, Horst Haack, Evi Kalessis, Manfred Kleber, Jiri Kolar, Eudes Menichetti, Jean-Paul Marcheschi 

Fond de l'Univers
© Jean-Paul Marcheschi

 

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