Pascale Ogier, un cristal de Bohème, par sa demi-sœur Emeraude Nicolas

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Fille de l’actrice Bulle Ogier et du musicien Gilles Nicolas, Pascale Ogier fut le très beau visage des Nuits de la pleine lune d’Eric Rohmer (1984), et une présence mélancolique de l’underground artistique des années 1980, fréquentant aussi bien les blousons noirs que Jim Jarmusch, Jacno que Jacques Rivette et ses fantômes, Alain Pacadis que Jean-Jacques Schuhl.

Morte à vingt-cinq ans, la voici de nouveau en majesté dans un très beau livre frangé de jaune conçu par sa demi-sœur Emeraude Nicolas.

L’hommage n’est pas un mausolée, c’est un astre échappant à la mort qui toujours nie, une leçon de vie en myriade d’images et documents de toutes sortes (photos, coupures de journaux, lettres, témoignages) rassemblés par une groupie, une sœur.

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La vie s’est cassée comme se brise un collier de perles fines, tombant sur des insignes de mort et des canifs traversant le temps.

Quelle fut la boussole désirante de cette femme aux yeux rieurs et perdus ? Quels étaient ses rêves ?

Dans un texte superbe ouvrant le livre (Filigranes Editions), Olivier Assayas la décrit ainsi : « Avant d’être une actrice elle était d’abord une présence, comme celle des superstars d’Andy Warhol, non seulement elle exprimait la modernité de son époque mais elle le faisait dans une évidence telle qu’elle n’avait même pas besoin de se formuler, elle n’avait pas eu non plus besoin de la construire, elle se contentait de la vivre, comme une aura qui émanait d’elle. »

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Marguerite Duras a dit sa peine, aussi Serge Toubiana : « Un elfe a disparu ».

Jim Jarmusch : « Toute autorité lui faisait horreur. J’aimais sa façon de se comporter en criminelle. »

Pascale Ogier ma sœur est un livre de fantômes bienveillants, une manière de passe magique créant, au septentrion du deuil infini, des ponts entre le visible (ceux qui restent) et l’invisible.

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Avec elle la Magnifique, Paris était une fête fluorescente (point de vue de Philippe Azoury), où les plus doués avaient compris d’instinct qu’il fallait s’absenter définitivement du cirque social.

Les produits que l’on prenait n’étaient pas des toxiques mais des anti-poisons.

La séduction n’était pas un narcissisme, mais une politesse masquant le pressentiment d’une chute.

Des yeux bleus d’innocence, des élégances dans les gestes, cachant un feu d’amour continu, une envie d’embrasser et d’être embrasée.

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Féodor Atkine : « Derrière sa façade d’une gigantesque assurance, on pensait trouver quelque chose d’extrêmement fort qui lui permettait de traverser le monde en glissant. Or, elle le traversait de façon bouleversée. »

Pascale Ogier aura su faire de sa timidité la guise d’une audace la rendant le temps d’un sourire invulnérable.

Voilà pourquoi la mort, qui ne supporte que les révérences, voulut la faire grimacer.

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Pascale Ogier n’est plus, est, a pour toujours l’âge de la jeunesse qui brûle, rit, transmet à tous son irréductible beauté, comme un espoir fou.

Une voiture américaine, des lunettes de soleil, un blouson en cuir sur une robe à dos nu, des pieds bronzés, voici Pascale Ogier, amie des plus libres.

Dominique Issermann : « Une peinture du XVIIIe siècle dans une pose classique, sans affectation, le front bouillonnant d’idées qui vont changer le monde, une indépendance farouche sans hostilité, sans violence apparente, une belle rebelle. »

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Emeraude Nicolas, Pascale Ogier ma sœur, Filigranes Editions, 2018, 340 pages

Filigranes Editions

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  1. Sévilla dit :

    Ghost Dance whit Pascale Ogier…see you later ..L.S.

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