
Orbit est le fruit de rencontres entre Renato D’Agostin, photographe, et Scott Worthington, compositeur, ayant eu lieu à l’initiative des éditions IIkkI entre septembre 2017 et janvier 2018, le projet complet étant fixé à la fois sur livre (objet de cet article) et vinyle.
Deux faces, deux parties : Side A (A time that is also a place, 11.30 et un Interlude), Side B (A flame that could go out, 20.50).
Orbit est un livre somptueux, fait de solitudes marchant ensemble dans la nuit, parmi les retombées de cendres d’un monde devenu infernal.

Pour survivre et dépasser les conditions de l’invivable, il faut partir, devenir vagabond terrestre ou céleste, ne pas craindre de se perdre, ni les possibles extases survenant à l’extrême pointe de la fatigue.
Tout commence par un plongeon au crépuscule, un risque, la beauté d’un corps défiant l’espace.
Renato D’Agostin travaille au noir & blanc et à l’argentique, conciliant le grand dehors et l’antre du laboratoire.

Ses images proviennent tant de ce que l’homme a cru voir, que de la nuit d’un bain chimique, mer de mystère d’où naissent des îles de papier.
La géométrie de l’existant attire son regard, non par souci de calcul maniaque des proportions à la façon d’un comptable, mais parce qu’elle peut révéler par ses ordres singuliers l’harmonie des sphères.

Il y a de la calligraphie chez lui, tête d’ail ou points d’oiseaux posés sur la page.
Une route ne mène nulle part, et les vivants de ses images semblent des rescapés.
L’infini remue, il est turbulent, fait de plumes agitées par le vent et des vapeurs toxiques de l’anthropocène.

On peut rêver à des exoplanètes, monter dans des ballons dirigeables, s’exalter de ciels, prendre de la hauteur.
Parce qu’en bas rien n’arrêtera l’incendie.
Le sable brûle, la glace brûle, le néant brûle.
Et la ville bruit de silences.

Passent des fantômes, des oiseaux noirs, des pyramides high tech, des flashes d’abîme, des chiens étiques, et des souliers impeccablement vernis.
Voici des bipèdes s’oubliant dans leur destinerrance, des autoroutes bondées dont on peut s’enchanter, mais qu’il faut vite quitter.
Renato D’Agostin, Orbit, IIkkI, 2018, 700 exemplaires numérotés