Sol LeWitt est le premier numéro des Cahiers, qui seront consacrés aux artistes de la Collection Lambert en Avignon.
On peut penser bien sûr aux Cahiers du Musée national d’art moderne, à la volonté de mieux faire connaître des œuvres majeures, à des ouvrages faisant date, à l’art pour tous.
Il inaugure logiquement une série de publications destinées à nourrir les amateurs d’art, et l’on sait le goût considérable d’Yvon Lambert pour l’artiste conceptuel, dont la collection compte plus d’une trentaine d’œuvres – quatorze données à l’Etat (Centre national des arts plastiques) en 2012.
« Une fresque se Sol LeWitt qui se déploie dans une vaste salle de l’entresol de l’hôtel de Caumont fascine tous les visiteurs de la Collection Lambert depuis son ouverture en 2000, précise en préface Alain Lombard, son directeur. Une autre grande fresque du même artiste, plus tardive et réalisée à l’acrylique, se remarque au rez-de-chaussée dès la cour d’entrée de la Collection, et est devenue en quelque sorte son emblème. »
On peut penser à Giotto, à Piero della Francesca, aux maîtres de la Renaissance italienne, que LeWitt (1928-2007), fils d’immigrés russes aux Etats-Unis, a beaucoup regardés – il vit dans les années 1980 à Spolète -, développant la pratique du dessin mural et faisant entrer Malevitch dans le monde de la logique sérielle, qu’il s’agisse des recherches de Muybridge ou de la musique s’inventant en son temps.
Avec une grande économie de moyens, l’artiste américain s’emploie à multiplier les combinaisons de systèmes finis, conçus à partir de formes géométriques élémentaires, créant, par la volonté de déjouer le prisme de la subjectivité, un espace de méditation à la fois d’une grande clarté et d’un grand mystère.
Il s’agit ainsi de s’interroger, dans la volupté des formes et couleurs assemblées, sur l’articulation entre le tout et le rien, l’ordre et le chaos, le donné et le fabriqué.
Si l’idée prévaut, Platon s’incarne ici en surfaces sensibles ne distinguant pas la féérie de la simplicité et du génie des formes.
Dans un entretien avec Stéphane Ibars, Yvon Lambert relève l’importance pour les jeunes artistes américains des années 1960 explorant des territoires nouveaux, de la galeriste Virginia Dwan, soutenant aussi bien Robert Smithson, Walter De Maria, Michael Heizer que Sol LeWitt à qui il consacrera à Paris pas moins de treize expositions en trente-cinq ans, s’intéressant passionnément à ses Wall Drawings, ses Open Cubes posés au sol, et ses combinaisons.
« Les combinaisons réalisées par Sol LeWitt, confie le galeriste, me plaisaient énormément. Elles fonctionnaient comme un véritable langage en soi, si abstrait soit-il, et en cela peut-être je pourrais dire que c’était une écriture singulière qui se déployait dans l’espace de la galerie à laquelle j’aimais me confronter. J’aimais découvrir comment ses combinaisons se déployaient. »
Avec Yvon Lambert, Marcelin Pleynet, et quelques autres aventuriers, la France sut, loin de l’Ecole de Paris, prendre la dimension d’un art dont la modernité s’accordait aux enjeux du siècle, envoyant dinguer le psychologisme, en trouvant dans la clarté des formes et l’énergie de la plus haute culture (Cy Twombly, Robert Motherwell), de nouvelles Lumières perçant le nihilisme.
Sol LeWitt, sous la direction d’Yvon Lambert, Les Cahiers de la Collection Lambert, Actes Sud, 2019, 64 pages
(ouvrage publié en lien avec l’exposition Sol LeWitt ayant eu lieu à la Collection Lambert à Avignon du 16 juin au 4 novembre 2018)
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