© Fabien Beauger
« Je vis à Paris entre ébahissement et effarement. Paris est ma ville, ma matière première, mon terrain de jeu privilégié, l’endroit où j’ai les yeux partout. »
Déviation est le premier livre photographique, autoédité, de Fabien Beauger, une ode à Paris très libre, presque punk.
© Fabien Beauger
Tout n’y est pas parfait, léché, abouti, mais tout y révèle la passion du médium et de la rue arpentée en tous sens pendant une dizaine d’années, alors que le photographe travaillait comme coursier cycliste.
Les images sont numériques, faites « au ras du bitume », à l’instinct.
Tout va vite dans le chaos et le fouillis des signes.
© Fabien Beauger
Fabien Beauger n’a pas fait une grande école d’art, son discours est brut, sans formatage, maladroit peut-être, mais vrai.
La foi en la photographie est très belle quand elle conçoit sa pratique comme une promesse de rencontre avec l’âpre réalité, sans hiérarchie.
Non un instrument d’élucidation, non une clé interprétative, mais un transfert un peu tremblé, de surface à surface, de mystère à mystère, de corps à corps.
© Fabien Beauger
Un éditeur sérieux aurait tranché, sélectionné, ordonné, civilisé.
Construire un bel album photographique, constamment intelligent, saturé de références, n’est pas tout simplement pas l’ambition du photographe, préférant monter sur les trottoirs, griller les feux rouges et enfiler allégrement quelques sens interdits.
Paris retrouve grâce à lui son flux, son peuple, son aisance, loin des logiques de calcul du prix du mètre carré par arrondissement.
© Fabien Beauger
© Fabien Beauger
© Fabien Beauger
Il faut l’imaginer, à vélo, musique dans les oreilles, appelé par tel signe, telle lumière, tel son, et photographiant à la sauvette.
Fabien Beauger ne capitalise pas, donne tout, ne demande rien, célèbre la vie en tant que vie, s’enchantant de sa force, de ses formes, de son inventivité.
Il cadre une ombre, une couleur de carrosserie, une gaze, la rencontre d’une poubelle et d’un scooter, une canette oubliée sur le trottoir, une vitrine brisée, des tags, des effritements, des panneaux de signalisation, des visages furtifs, des escaliers, des mannequins, des publicités, des palissades, des portes closes, des plantes, des grilles, des vitrines, des escaliers, des sculptures et des ciels électriques.
© Fabien Beauger
Fixant ses vertiges, il offre à ses lecteurs-spectateurs un vaste texte à contempler, étudier, déplier.
Il se pourrait bien que le photographe se double d’un talmudiste ignorant ses pouvoirs.
Fabien Beauger, Déviation, conception graphique David Beau et Fabien Beauger, autopublication, 2020, 100 exemplaires
© Fabien Beauger
Très chouettes ces photos ! 👏
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