© Gilles Roudière
Volta no vento, titre du dernier opus du photographe franco-berlinois Gilles Roudière, composé pour les éditions IIKKI, est un titre portugais pour un auteur aimant nomadiser.
Est-ce pour autant une saudade ?
Non, peut-être pas tout à fait, puisqu’ici tout est peut-être plus déchiré, plus sauvage, plus violent, que la mélancolie qui berce l’âme.
© Gilles Roudière
Sur les rives du Douro, ou sur un promontoire de Matosinhos (image de couverture), face à l’Atlantique, Gilles Roudière contemple, et construit au tirage, un paysage de drame, cette beauté terrible que les romantiques appelaient le sublime.
Le noir est pulvérulent, créant une tension entre l’apparaître et le disparaître, l’instinct de vie et la conscience de la mort.
Comment rester vivant ? Que peut l’art ? Que nous disent les mouettes tournoyant dans le vent des figures de notre destin ?
© Gilles Roudière
Et les remous du ciel ? Et le fracas des vagues percutant l’orgueil de la pierre ?
Un peuple se rassemble, sur les rives du fleuve, sur les hauteurs, sur les barricades du désir, un collectif, quelques têtes camarades en liberté provoquant la Camarde.
Au loin, dans les ténèbres des photographies, ce sont des possibilités de grandes découvertes, des voyages vers les Caraïbes de Trova (son précédent livre chez Lamaindonne), et l’Afrique indocile.
© Gilles Roudière
Volta no vento est un chant – thème récurrent des oiseaux -, une dérive abrupte dans l’inconnu, vers les points de lumière, d’échappée, d’espérance.
Battements de côtes et de terres intérieures, de vents du large et de vents du dedans.
Ici, tout est fixe, ancré dans la tradition, tout demeure, tout est, mais tout est aussi emporté, déjà parti, envolé.
© Gilles Roudière
Des draps blancs séchant dehors, un enfant tirant son parent sur la plage, une falaise victorienne, un cheval bousculé par la tempête.
Les bateaux s’échouent, le sable est naufrageur, et la mer un maître autoritaire abusant quelquefois de son pouvoir.
Des trains, des routes, des sentiers, des rues.
© Gilles Roudière
La photographie de Gilles Roudière, dont le principe est cinétique, voire métamorphique, est d’intranquillité pessoesque, une joie dans l’absurde existentiel, un effort de traversée des ruines, dans l’endurance d’un absolu à la fois effroyable et de sauvegarde.
Mais Volta no vento est aussi, comme toujours chez IIKKI, proposant pour chacun de ses volumes (treize à ce jour) un dialogue photographie-musique, un ensemble de paysages sonores imaginés par le compositeur breton Toàn.
La matière est riche, d’éclaircie plus que d’obscurités, de ténèbres et de grandes clartés.
© Gilles Roudière
Finesse des sons donnés en pluies calmes menant à des porches où s’abandonner.
Dans le chaosmos originel des images de Gilles Roudière, la musique de Toàn est de l’ordre d’un apaisement intime, comme un chemin de résolution dans la révolution des marées et des êtres en partance.
Gilles Roudière, Volta no vento, IIKKI, volume 13, 2020, 96 pages – 400 exemplaires numérotés et estampillés à la main
Volta no vento, musique de Toàn, CD – 200 exemplaires numérotés à la main / Vinyle – 250 exemplaires numérotés à la main
© Gilles Roudière
Gilles Roudière, membre du collectif Temps Zero, est représenté par in)(between Gallery (Paris)