©Nathalie Amand
Il y a le paraître selon le jésuite Baltasar Gracian, le parlêtre du docteur Jacques Lacan, et le parêtre de Nathalie Amand, soit une manière d’entrer au paradis en traversant parures et paravents protégeant notre corps.
Dès l’origine, la photographie a partie liée avec l’obscénité, l’exhibition, la pornographie.
Est-il possible, lorsque l’on connaît son pouvoir d’excitation, d’aller malgré tout vers son innocence, la pure lumière d’un dévoilement ?
©Nathalie Amand
Quels chemins inventer, quelles mises en scène, pour enfin mettre à distance la tâche, la souillure, le péché originel ?
Vers quelles blancheurs se diriger ? Vers quels êtres diaphanes ?
Jouant avec les codes de la première photographie licencieuse, Nahalie Amand propose avec Le parêtre (éditions Yellow Now, 2019) un traité moderne d’angéologie.
©Nathalie Amand
Il y a les belles en porte-jarretelles, seins abondants, fesses alléchantes, mains baladeuses, provoquant la jouissance du regardeur en simulant la leur.
Et il y a les créatures de l’air, pur souffle, manifestation de l’esprit, envoyées célestes prenant place dans de nouvelles Annonciations.
Puisant une part de sa fantaisie dans les tropes du surréalisme et les leçons en bas résillés de Pierre Molinier, Nathalie Amand demande à ses modèles de prendre la pose pour le plaisir de voyeurs appréciant également l’art de Magritte, ou les délires burlesques.
©Nathalie Amand
La crudité profane (partie 1 : Montrer / cacher) laisse bientôt place au sacré (partie 2 : Voiler/dévoiler), aux linceuls, aux corps enveloppés de voiles blancs, tels des marbres napolitains.
Les endormis sont à peine adultes, Adam et Eve ont les yeux fermés, les tétons de l’un comme de l’autre sont délicieusement menus.
Apparaissent des têtes de mort, des oiseaux empaillés, des ailes sculptées.
©Nathalie Amand
Les tableaux sont baroques, pans d’un retable imposant le silence par la beauté majestueuse qu’il expose.
Les petits d’êtres à peine nés sont maintenant âgés, il est temps de se métamorphoser (partie 3 : Abandon), de se faire branche, fougère, racines, paysage de conte fantastique.
On danse alors avec l’invisible, on est devenu (partie 4 : Disparaître) la mariée du Néant.
©Nathalie Amand
Le sépulcre est vide, il ne reste sur le sol, ou flottant dans un rai de lumière, qu’une poussière d’ange.
Cet invisible qu’explore Nathalie Amand est terriblement érotique.
Nathalie Amand, Le parêtre, maquette Emmanuel d’Autreppe, Nathalie Amand, Matthieu Litt, textes Emmanuel d’Autreppe et Nathalie Armand, mise en page Matthieu Litt, éditions Yellow Now, 2019
©Nathalie Amand
Nathalie Amand est représentée par la Box galerie à Bruxelles depuis 2010
©Nathalie Amand