©Jean-Michel Delage
C’est à La Bohalle, commune déléguée d’un peu plus de mille habitants de la commune nouvelle de Loire-Authion, dans le Maine-et-Loire, que Jean-Michel Delage a passé les confinements du printemps et de l’automne 2020.
Pour son projet Un kilomètre autour de chez nous, distance de promenade autorisée par les autorités, le photographe free lance a décidé de faire le portrait des habitants qu’il rencontrait, et de les interroger, façon pour lui de résister à la réclusion, de s’ancrer dans un territoire choisi pour y résider.
Son livre, publié par les Editions de Juillet, est un témoignage empathique, fraternel, à visage généralement découvert, d’une situation inédite et particulièrement angoissante.
©Jean-Michel Delage
Jean-Michel Delage ne cherche pas la belle image à tout prix, mais l’image juste, à bonne distance, dans une forme d’humilité envers ce qui est, l’humain comme les paysages – ponctuant le livre.
Avec Un kilomètre autour de chez nous, le photographe a réalisé un travail de mémoire et de célébration du vivant, cent un Bohaliens étant ici exposés, écoutés, accueillis.
Il y a Virginie, qui vend des produits locaux, Jean-Claude qui tient un sécateur, René qui démonte une cabane.
Les gendarmes veillent, il faut respecter la loi, ou faire semblant.
A l’église, Esaïe s’écrie : « C’est pour ce crime que la malédiction dévorera la Terre. »
©Jean-Michel Delage
La Bohalle n’a pas de commerce, mais plusieurs lieux de culte, et deux écoles (publique/privée).
Danielle et André : « Ce qui est pratique, c’est la webcam ; on peut voir notre fille qui vit en Nouvelle-Calédonie. »
Le virus circule, la population s’inquiète, les médias sont aux ordres, qui mettent au pas.
Annick : « Et nous n’en sommes qu’au début. On ne sait pas ce qui nous attend. »
Les bords de Loire sont interdits, la pêche ce sera pour plus tard.
©Jean-Michel Delage
Tous s’estiment privilégiés de vivre à la campagne, où l’ordinateur devient le meilleur nouvel ami.
Chacun s’occupe, ronge son frein, se découvre philosophe.
On rattrape son retard, en bricolage, en rangement, en lecture.
Les parents en Ehpad ? Qu’ils attendent un peu avant de mourir, ce serait bien.
Simon est ostéopathe : « Il y a peut-être des choses à changer dans le fond de la société ! Et puis, peut-être qu’on devrait adopter finalement des gestes barrières classiques, garder des réflexes comme se laver les mains régulièrement. »
Ah oui ?
Et puis un terrain, une petite serre, chacun dans son coin, un apéro de temps en temps quand ce sera possible, ce n’est pas si mal, non ?
©Jean-Michel Delage
Le local, il n’y a que ça de vrai, n’est-ce pas ?
Et la famille bien entendu.
Angers n’est pas si loin, mais la grande ville est désormais interdite.
Gérard se questionne : « Les contradictions des uns et des autres font que quelqu’un qui réfléchit un peu ne sait plus que penser. C’est une période instable pour tout le monde. On ne pourra analyser cette situation que dans plusieurs semaines, voire dans plusieurs mois. Le collectif ne va pas exister beaucoup et l’individuel va prendre place, et chacun va se débrouiller tant bien que mal. »
Le deuxième confinement a lieu, la France ne manque alors plus de masques.
Jérôme : « Ce virus est plus fort que nous. La société va changer. Et à 27 ans, l’avenir me fait peur. »
15 décembre 2020 : Fin du confinement, mise en place d’un couvre-feu.
Etc.
Jean-Michel Delage, Un kilomètre autour de chez nous, préface de Philippe Bertrand, conception éditoriale Richard Volante et Yves Bigot, Editions de Juillet, 2021, 160 pages
Jean-Michel Delage – Les Editions de Juillet
©Jean-Michel Delage
Jean-Michel Delage – site personnel
Merci pour cette présentation 😉
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