©Bernard Plossu
Existe-t-il encore quelqu’un de modeste, de regard généreux et de sincère dans ses talents ?
C’est pour cet(e) inconnu(e) que photographie Bernard Plossu, cet enfant, ce vieillard très sage, ce jeune homme et cette jeune fille pudiques.
En passant par les musées de Bordeaux, projet initié par Nathalie Lamire-Fabre, directrice d’arrêt sur l’image galerie, est une visite en apnée des cinq musées de la ville : le CAPC musée d’art contemporain, le musée d’Aquitaine, le muséum de Bordeaux – sciences et natures, le musée des Beaux-Arts et le musée des Arts Décoratifs et du Design.
©Bernard Plossu
Il s’agit d’une traversée du temps en cinq lieux de mémoire, et d’une collection sans tonitruance de rencontres très belles avec des œuvres.
Il faut choisir, il y en a trop, mais l’œil, mais le cœur, sait exactement à qui, à quel objet, à quel tableau, à quelle sculpture s’attacher.
Des nus néoclassiques, des paysages à la façon de Corot, des marines, des nymphes voilées.
©Bernard Plossu
Bernard Plossu ne recherche pas le grandiose ou le plus sublime, mais l’attrait merveilleux du simplement beau, une grâce, un secret.
Tout est disponible pour la révolution des sens, pour la tendresse, pour refonder une société dans l’harmonie et la justice, mais qui le voit ? qui le sait vraiment ? qui même le veut ?
Il y a des statues antiques acéphales qui pourraient nous juger du haut de leur destruction, mais, non, ce sont des puissances d’accueil.
©Bernard Plossu
Tiens, voilà un sarcophage, la mort n’est pas un problème quand on ne sépare pas strictement le royaume souterrain de celui des vivants.
Le verre du vase côtoie la douceur d’une petite statue de femme en bronze, aussi fine qu’une gouttelette de rosée.
L’ivoire sculpté des cornes de l’éléphant rappelle que les pachydermes n’ont pas toujours été en voie de disparition.
©Bernard Plossu
Oui, le sauvage existe, a existé, existera, et l’effort humain pour tenter d’habiter dignement la Terre – les outils attestent de notre hominisation -, comme les arcades du sacré sans quoi la salissure recouvrirait le monde.
L’antique, voire le préhistorique, se retrouvent dans les productions de l’art le plus contemporain, chercher à nier l’archéopoétique en nous serait une barbarie.
A Bordeaux, Bernard Plossu a eu la confirmation qu’une vie passée à tenter de formuler en art ses visions et à se placer à la hauteur vertigineuse du plus commun est un effort valant la peine de tout y sacrifier.
Bernard Plossu, En passant par les musées de Bordeaux, texte de Jean-Marie Planes, éditions Confluences, 2021, 52 pages
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