©Manu Rouxel
Fascicule indépendant, présenté sous appendice cartonné imprimé sur presse typographique, Hygée, de Manu Rouxel, pourrait être une contraction du mot hypogée, qui est en égyptologie une sépulture souterraine.
Mais ici Lazare est hors du tombeau, Hygée étant davantage higge danoise – c’est-à-dire forme de bien-être – que crypte de recueillement.
©Manu Rouxel
Quoi qu’il en soit, bienvenue à Hygée, déesse grecque de la médecine, protégeant la bonne santé photographique d’un auteur publié sous le signe de Saturne (éditions).
Hygée est un porche, une arche, l’hygiène mentale quotidienne de dessiner, écrire, photographier.
Cet ouvrage est donc multiple, hybride, très zèbre.
Ici, ça danse, ça gavote, ça gigue-écossaise belge.
Ça éviscère aussi, ça va au cru, dans les plis, replis et déplis.
©Manu Rouxel
Hygée est un rais de lumière sur des mains rassemblées, un visage d’enfant, une paire de chaussures pleines de terre, une route nocturne.
Parce qu’il faut tout célébrer,
Placées sur la page de grand format comme des mots de poésie, environnés de vide, les images sont les fragments d’une totalité inconnue, des pans de récits abandonnés sur l’estran du papier ivoire.
On pourrait être dans une séquence de film noir, ou fantastique, mais c’est encore mieux que cela, puisque tout est situé dans l’ordre des jours, dans le hic et nunc des bizarreries et beautés du simplement vivant.
©Manu Rouxel
On devine des formes, tout n’est pas explicite, mais qui aurait la prétention de tout comprendre du mystère de ses pas et actes ?
Il y a des couleurs, des bleus, des rouges, des rendez-vous oniriques.
On entend : « Ci-gisant, face contre ciels. »
L’enfant s’appuie sur une pierre, ce pourrait être un autel de sacrifice, ou un rite propitiatoire inconscient.
Hygée apprivoise les peurs, les hurlements des loups se perdent dans l’infini astral, les funambules se pressent autour d’un âtre brûlant.
©Manu Rouxel
On entend : « Que reste-t-il ? Hein ? Que reste-t-il ? »
Notre horizon ? des morceaux de sucre, des villes englouties, des géants vacillants.
Manu Rouxel ne connaît pas l’amer, encore moins l’amertume, mais la délicatesse de l’écume tombée des yeux cataractants.
Manu Rouxel, Hygée, composition orchestrée par Manu Grand, avec Manu Jougla, éditeur, Saturne Editions, 2021, 36 pages – 400 exemplaires