©Jess T. Dugan
« I can see desire in your eyes. / Can you see it in mine ? »
C’est avec une immense délicatesse que l’Américaine Jess T. Dugan représente l’amour et le corps queer dans son dernier opus publié par les éditions londoniennes MACK, Look at me like you love me.
Portraitiste et éducatrice vivant à Saint-Louis, dans le Missouri, la photographe révèle en ses sujets une douce masculinité qui transcende les stéréotypes de genre.
©Jess T. Dugan
Il y a chez elle équivalence de beauté entre le sujet humain et la fleur, ce sont des entités à la fois réservées, pudiques et épanouies.
Mêlant textes personnels et autoportraits à des photographies de couples ou de personnes solitaires, Jess T. Dugan questionne sans aucun forçage l’intimité de chacun.
Deux hommes Blancs s’enlacent tendrement, tandis que, page de droite, un homme d’origine afro-américaine est étendu sur un tapis de fleurs, regardant son regardeur.
©Jess T. Dugan
Il y a ici éloge de la diversité, aussi bien ethnique que sexuelle.
Un grand calme règne, la lumière est sans agression, on peut se reposer ensemble, entre femmes, entre trans, tout est accueil.
Des yeux maquillés, des torses imberbes ou poilus, des aisselles non épilées, des tatouages, des bijoux ou simplement la nudité d’une peau vierge.
©Jess T. Dugan
Les portraits de Jess T. Dugan sont des invitations à la caresse, à l’abandon, au partage, bien au-delà de nos différences superficielles.
La juste distance négociée avec chaque modèle témoigne d’un respect de fond. Pas de capture forcenée, pas de vol, et surtout pas de domination de l’artiste sur son sujet.
Le moment de l’acte photographique à deux ou trois est un instant d’introspection intense.
©Jess T. Dugan
En quoi l’autre se distingue-t-il de moi ?
Y a-t-il séparation fondamentale quand la forteresse égoïque se dissipe ?
Look at me loke you love me invente un territoire démocratique où les corps sont politiques.
La photographe ne démontre pas, mais montre sans effet de préciosité la grâce des peaux et des visages des humains d’aujourd’hui.
©Jess T. Dugan
Nombre d’entre eux sont allongés, regardés dans une position où les tensions éventuelles sont évacuées.
On peut lire : « Lay down, you say. I want to look at you in the light. / Your eyes traverse my body, studying, taking me in, committing me to memory. »
Les poitrines sont parfois à peine développées, des seins ont été opérés, retirés, affirmer son être profond peut être un combat douloureux, chimique ou/et chirurgical.
Look at me like you love me est un hymne à la liberté de genre s’adressant à tous, notamment tous ceux craignant encore d’être discriminés pour leur singularité.
Jess T. Dugan, Look at me like you love me, designer Morgan Crowcroft-Brown, text editor Louis Rogers, MACK (London)