Poésie, histoire profonde du réel, par Christian Viguié, écrivain

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p-23

©Manuela Plossu

« La poésie est l’histoire profonde du réel. Elle en valide le sens de manière anachronique et non linéaire. Elle permet une mise en écho de différents espaces séparés par le temps, et qui d’habitude coexistent dans une sorte de géologie du silence, sans autre lien que leur propre intériorité. »

A certains moments de notre vie, il nous faut moins de mots, ou de plus denses, moins de phrases, mais des évidences, moins d’idées, plus d’esprit.

Je découvre ainsi Ballade du vent et du roseau, de Christian Viguié, qui n’est pas un traité savant sur le lyrisme contemporain, mais un ensemble de poésies célébrant la vie, la nature, l’instant, dans la déchirure d’une solitude ontologique nous séparant généralement de l’objet de nos désirs, ou simplement de l’autre.

Tout commence pour l’auteur, dans le Lot et le Tarn-et-Garonne (texte d’introduction intitulé Lettre), avec la sensation des bois, des territoires de jeux où expérimenter enfant sa liberté, de la beauté immédiate, relancée à l’adolescence par la lecture des grands vagabonds et marcheurs, Arthur Rimbaud, André Breton, René Char.

De décembre 1982 à mai 1984, Christian Viguié a vécu dans un village abandonné à Agar dans le Rouergue, ce qui donnera le recueil Le Livre des transparences et des petites insoumissions, présenté aujourd’hui ainsi : « J’étais loin de la distraction et les mots, que j’employais ou que j’écrivais, avaient besoin de leur centre de gravité et de leur expérience. »

Et je lis ceci, qui me suffit finalement pour combler la journée de lumière : « Tu pleures / et pourquoi devrais-tu pleurer / toi qui ne fus jamais un homme entier ? / Pleure d’abord parce qu’il te faut parler / avec le même silence que les autres / Pleure puisqu’aucune vie ne fut acceptée / ni amour ni malheur / sachant que tu mourras / sans avoir été réellement au monde / comme une fleur / une pierre / ou le vent qui passe. »

N’est-ce pas sublime ?

Et puis ceci, après je vous laisse découvrir seuls le recueil : « Je n’ai pas trouvé de place / dans mon propre siècle / juste de quoi poser un bâton / me dévêtir parfois d’une sombre tristesse / me remémorer un amour / aussi intense et bref qu’un coquelicot // A cause de cela / me fait mal / la couleur du couchant. »

En essayant d’aller vers l’aube.

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Christian Viguié, Ballade du vent et du roseau, poésie, La Table Ronde, 2022, 224 pages

Editions La Table Ronde

Merci à Bernard Plossu pour l’image de la une

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Se procurer Ballade du vent et du roseau

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