
« Un peuple qui se couche est un peuple d’esclaves. Un peuple qui résiste est capable de renverser les montagnes. »
Les pouvoirs publics voulurent au mitan des années 1970 installer une centrale nucléaire sur la commune de Plogoff, à l’extrême-pointe du Finistère.
Ce projet fou déclencha l’ire de la population, qui se rassembla et installa des barricades.

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Pendant l’enquête d’utilité publique – on brûla les questionnaires, les manifestations se multiplièrent, la France entière fut alertée, des gendarmes parachutistes furent déployés -, la radio libre Radio-Plogoff commença à émettre, jusqu’à la victoire de François Mitterrand en mai 1981, qui raya la petite commune vivant de la pêche du plan nucléaire de la France.
Le 24 mai 1980, 150 000 manifestants fêtèrent lors d’un fest-noz historique la fin de la procédure.
Lors de ce combat, les femmes jouèrent un rôle majeur, souvent au premier rang des mobilisations.
Qui a vu le film Plogoff, des pierres contre des fusils (réalisation Nicole et Félix Le Garrec, Jakez Bernard pour le son, 1980) a pu se rendre compte de leur courage et de leur obstination à chasser de leur territoire les forces de l’ordre.

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Cette lutte, les Editions Autonomes (Brest) la rappellent aujourd’hui par la publication d’un cahier photographique en noir & blanc (impression en riso) accompagné d’une cassette audio (et autocollant vert) reprenant des témoignages diffusés sur Radio-Plogoff.
Les images, pour la plupart inédites, proviennent des archives du photographe amateur Michel Guivarc’h (1950-2018), « documentation précieuse sur l’une des luttes sociales les plus cruciales du peuple breton. »
On y voit des femmes et des enfants, joyeux et en colère, des militaires regardés par des fichus, des képis ratissant la lande, des fumées de gaz lacrymogène, une ambiance de guérilla.
On se regroupe, on se parle, on ne lâche rien.

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Allongé sur les galets de la Baie des Trépassés, un homme se repose, qui pourrait être une victime.
Solidarité du joint français, et du peuple de gauche de tout le pays.
Des discours, des ténors de la politique (Jack Lang), de la musique.
On fait la cuisine ensemble, on s’étreint, on danse sur la plage.
La lutte à Plogoff fut hippie, alter, marin-pêcheuse, communarde, acharnée, et finalement festive, comme au Larzac.
Sur la face A de la cassette de Radio-Plogoff, « radio libre d’expression antinucléaire » (92 Mhz, de 10h à 13h, de 17h à 20h), il y a, entre les chansons en breton et en français, les témoignages d’Alain-Pierre, de Maurice, de Guy, de Jean-Noël, de Nicole, de Liliane, de Céline (qui a recomposé Le Déserteur de Boris Vian).
Sur la face B, d’Irène, de Guy et Maryse, de Jean-Yves, de Maryvonne, de Jean (Cardonnel), d’Annie (Carval) et Paul (Quilès).
Ils sont berger, marin-pêcheur, poète, cinéaste, militante au planning familial, prêtre, écrivain.
Les paroles sont posées, belles, réfléchies, essentielles (les homards pêchés près de la centrale de retraitement de La Hague, vendus sans aucun contrôle à Audierne).
Bécassine, l’idiote du village montée à Paris ? Une femme humble et fière, ancrée dans son bout du monde comme un amer, à la pointe des combats modernes.
Aujourd’hui ? une lutte contre le nucléaire à continuer plus que jamais.

On a gagné, sélection, rédaction et assemblage Nathalie Bihan & Donnie Ka, Editions Autonomes, 2022 – série limitée à 80 exemplaires, prix de revient de l’édition, aucun bénéfice ne sera réalisé
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Lancement de On a gagné chez Kuuutch (Brest), accompagné d’une séance d’écoute, le jeudi 2 juin 2022