Van Gogh, des balles de couleur dans la poitrine, par Stéphane Lambert, écrivain

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Le Fauteuil de Gauguin, 1888, Van Gogh.

« Oui, comment se fait-il, alors que nous traversons une crise sans précédent dans l’histoire de l’humanité, que ce soit à vous que j’aie envie de m’adresser, vous le plus inadapté des hommes ? »

Stéphane Lambert est fou de peinture.

Ses livres sur Nicolas de Staël (2014), Mark Rothko (2014), Claude Monet (2016), Francisco de Goya (2019), Léon Spilliaert (2020) et Paul Klee (2022), tous publiés chez Arléa par Anne Bourguignon, font désormais partie des bibliographies recommandées sur ces peintres.

Son dernier opus consacré à Van Gogh prend la forme d’une longue interpellation/conversation avec l’artiste néerlandais prenant appui sur une visite du musée d’Amsterdam qui lui est entièrement dédié.

La chronologie est déroulée – le pays natal, Paris, Arles, Saint-Rémy, Auvers-sur-Oise -, dans l’ordre des œuvres exposées. 

Je n’étudierai pas ici les phrases et les idées de l’excellent écrivain, mais prélèverai des mots, des expressions, des paragraphes, afin d’offrir non un portrait de Van Gogh, mais une sensation de sa peinture, une poussière un peu condensée de son être.

  • Désespoir/énergie/solitude
  • « défaut de tempérance »/vocation/dépense
  • « l’art s’était imposé comme le seul lieu où accomplir votre splendide échec »
  • « Dix années s’offrirent alors à vous. Une décennie fulgurante (1880-1890), qui coïnciderait avec celle de la brève ascension de Guy de Maupassant, un autre enragé qui mettrait fin à ses jours. Dix années pour expérimenter votre art – il faut peindre pendant dix ans pour rien – dix années jusqu’au mythique séjour à Auvers (deux mois seulement) qui fut pour vous comme une vieillesse précoce et foudroyante. »
  • Intensité/feu/douleur
  • « Eclairer ce monde étouffant avant que l’hiver septentrional n’engloutisse totalement sa lumière. »
  • Lecture effrénée de la Bible
  • « Sois toujours comme un étranger et un invité sur cette terre. » (in L’Imitation de Jésus-Christ)
  • Les Mangeurs de pomme de terre (1885), Jardins potagers à Montmartre (1887), Boulevard de Clichy (1887), Madame Léonie Rose Charbury-Davy (1887), Agostina Segatori au café du Tambourin (1887), Champ de blé à l’alouette (1887), Natures mortes avec raisins, poires et citrons (1887) 
  • Pau Gauguin, Emile Bernard, estampes japonaises
  • « joie dans l’ardeur »
  • Qu’est-ce qu’une tête ?
  • « concert d’ondes qui se répandent autour de vous »
  • « Paris est une nature morte. Une métonymie fertile qui concourt à exercer votre palette. Deux cent trente tableaux peints en moins de deux ans. Votre progression vers votre style est fulgurante. »
  • « Atteindre la haute note jaune »
  • « Certains continuent de plaider qu’il ne faut pas confondre l’homme et l’œuvre. Quelle bizarrerie d’imaginer qu’on puisse ainsi trancher un être en deux sans que les deux parties communiquent ! »
  • Branche d’amandier en fleur dans un verre (1888), Chambre de fleurs près d’Arles (1888), Barques de pêche aux Saintes-Maries (1888), La Moisson (1888), Tournesols (1888), Champ de blé (1888), Champ labouré (1888), Couple d’amoureux (1888), Le Semeur (1888)
  • « Dans votre sillage, j’essaie de comprendre pourquoi écrire m’effraie tant alors que j’y vis à l’abri des turbulences extérieures – que j’en ai fait mon terrier. En parcourant votre correspondance, je lis cette permanente angoisse d’exister que vous n’avez cessé de vouloir apaiser. Jusqu’à la fin, vous avez ressassé votre désir d’accord tandis que les tourments de votre vie d’artiste vous rongeaient. »
  • Pauvreté/humanité/famille Roulin
  • « Vous étiez une éponge absorbant le monde qui vous avait rejeté. »
  • « La psychiatrie, comme l’écrivait Artaud, n’avait été inventée que pour défendre une « société tarée » contre les « investigations de certaines lucidités supérieures ». Ainsi recourrait-on au lexique médical pour dénommer les « facultés de divination » de patients trop sensibles. La « mauvaise volonté » se rassurait en pathologisant les prophéties. »
  • Si les psychiatres n’entendent pas, il faudra bien que vous leur offriez votre oreille
  • Lettre à Theo, mai 1889 (il y en aura six cent cinquante-deux entre août 1872 et juillet 1890) : « Toute ma vie durant ou presque au moins, j’ai cherché autre chose qu’une carrière de martyr. »
  • Refuser la légende forcément douloureuse.
  • Couleurs/plénitude/étourdissement
  • Rembrandt/Shakespeare/Millet
  • Auvers-sur-Oise, ultime station du monde bourbeux, insensible
  • Quatre-vingts tableaux réalisés entre le 20 mai et le 27 juillet 1890
  • Surenchère de vitalité/fêlure/solitude
  • Vertige
  • Corbeaux/corbeaux/corbeaux

Stéphane Lambert, Vincent Van Gogh, L’éternel sous l’éphémère, Arléa, 2023, 106 pages

https://www.arlea.fr/Catalogue

https://www.leslibraires.fr/livre/21718115-vincent-van-gogh-l-eternel-sous-l-ephemere-stephane-lambert-arlea?affiliate=intervalle

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