Japan, quelques minutes avant le Big One, par Maki, photographe

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©Maki

Japan Somewhere est un livre conçu comme un film noir, entre la grâce, le terrible et le sexy.

Enfant errant et lointain du groupe Provoke, cet ouvrage du photographe Maki, publié par l’excellente maison d’édition Zen Foto Gallery, est une plongée dans un Japon méconnu, marginal, underground.

Vous vous promenez dans les rues de Tokyo, tout vous semble incroyablement silencieux, propre, parfait, vous voyez des anges.

Quelle illusion pourtant, quand tout menace de dériver dans le désordre des pulsions libérées.

©Maki

Maki a construit ses images comme on les calligraphie, quelques traits, une encre bien noire, le geste vif et précis.

Ce couple dans l’escalator est-il régulier ou clandestin ?

Que signifient les idéogrammes qu’ils frôlent des cils ?

La nuit est électrique, le ciel chargé de nuages ténébreux, un homme portant un chapeau paraît mixer la vaste musique des buildings qu’il contemple du haut de sa chambre d’hôtel.

©Maki

Il y a des ombres vertigineuses, des corps tatoués intégralement, une pin-up belle comme une androïde.

Des visages apparaissent, sur des posters, des polaroïds ou dans la rue enfiévrée.

Qui est sain ? qui est malade ? Le dérèglement des sens a commencé, le Japon sera aspirée dans les entrailles de la Terre.

Le Big One est pour demain, pour tout à l’heure, pour dans quelques secondes.

©Maki

Le délire est la sauvegarde de la raison, et le sexe un des derniers amers alors que tout sombre.

Qui préférez-vous de la geisha cultivée ou de l’aguicheuse du bar voisin ?

Commerce des corps, capitalisme consumériste, fesses adorables.

Le noir et blanc est bien entendu contrasté, et les écoliers se promenant sous la halle d’un marché deviendront-ils de redoutables yakuzas ?

©Maki

Les petites frappes sont de sortie, observant, billets en main, le ballet des passants absorbés dans l’ordinaire des jours.

Voici un homme torse nu, probablement fou, ou enragé.

Maki a construit un livre composé d’antithèses : un voile de mariée blanc sur un mannequin aux yeux d’épouvante, un employé en costume face à un samouraï de papier agitant son arme, des prêtres shintoïstes et l’Occident transformé en artefact (une statue de la Liberté, une Tour Eiffel).

Sous le mont Fuji, mystérieux et magique, les êtres se dédoublent.

Le parc d’attraction semble abandonné dans la pluie d’atomes noirs du crépuscule.

©Maki

On se montre, on se photographie, on s’allonge dans l’indifférence sur le macadam, on chute.

Qui est en vie ? Qui est mort ?

Antoine d’Agata boit une bière dans un bar de Shinjuku, les boites à strip-tease attendent les clients, ça grimace dans le désir tarifé.

La musique est punk-rock, expérimentale ou traditionnelle.

©Maki

Maki photographie à l’argentique un Japon pluriel, postmoderne, composite, naufragé.

La solitude est ici une donnée cruellement perceptible, mais aussi la fantaisie et la dépravation.

Japan Somewhere est un livre ne distinguant pas entre le mental et la chair, il faut le prendre en bloc – comme la révolution aurait dit Georges Clémenceau.      

Maki, Japan Somewhere, publisher Mark Pearson, project management Bonnie Pong Wai-Ma, art director Koichi Ino, calligraphie Masami Takenouchi, Zen Foto Gallery, 2018, 144 pages – 500 exemplaires

https://zen-foto.jp/en/book/japan-somewhere

Acheter le livre : https://www.placartphoto.com/book/2265/-izuku_-_japan_somewhere-_(signed)_(back_in_stock)

©Maki

https://www.instagram.com/maki_from_marseille/?hl=fr

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