Pour le poète Yves Bonnefoy, l’arrière-pays est une région de l’âme – titre d’un livre éponyme paru en 1972 -, un lieu de vérité relevant de l’inconnaissable où se tressent les lignes de notre destin, un territoire ouvert au poète sachant se souvenir des paysages et œuvres l’ayant formé intimement. C’est aussi le nom que…
Étiquette : biopolitique
Nous, le migrant, par Jean-Luc Parant, plasticien et écrivain
« Ce qui nous manque c’est de na pas pouvoir serrer la main de tous les hommes, embrasser toutes les femmes, regarder les yeux de tous les enfants. » Je n’aime pas le mot migrant, désignant des réfugiés dont on fait comprendre qu’ils sont des transhumants saisonniers, ou une espèce zoologique soumise à l’attraction de…
Douceurs de la vie violente, par Gaël Bonnefon, photographe
J’ai attendu plusieurs semaines avant d’ouvrir le livre de Gaël Bonnefon, Elegy for the Mundane (Lamaindonne Editions). Il m’accompagnait, partait en voyage avec moi, alourdissait mes bagages. Je sentais sa puissance, sa violence, sa mélancolie, sa beauté sans concession, mais je n’étais pas prêt. Pour le découvrir, il me fallait une montagne, un lieu de…
De la noblesse des corps, et des images habitables, par Marc Pataut, photographe
« Je ne suis pas là pour vous photographier, je suis là pour faire un travail avec vous. » Ouvrage publié à l’occasion de l’exposition éponyme de Marc Pataut présentée au Jeu de Paume (Paris), de proche en proche offre un aperçu très complet du travail de l’artiste, faisant en outre entendre sa parole au…
Brûler les villes endormies, par Sylvain George, poète et cinéaste
« Quelque chose qui ne passe pas, demande à prendre forme, qu’il s’agit de déchiffrer obstinément sur le fil des frontières, de sculpter à l’os jusqu’à la poussière. » Sylvain George écrit et filme à partir de l’ordre du crime formant la substance même de la biopolitique des sociétés de contrôle avancé. « Quelque chose…
Eloge du corps vivant, par Bernard Andrieu, philosophe (2)
Philosophe et professeur de Staps à l’université Paris-Descartes/Université de Paris, Bernard Andrieu élabore une pensée parmi les plus stimulantes qui soient, proposant une réflexion d’ampleur sur le lien entre le corps vivant et la conscience que peut en avoir le corps vécu. Le chercheur appelle ainsi émersiologie l’éveil du corps vécu par l’intelligence du corps…
Dégeler la parole, Gérard Berréby, éditeur et poète
Pour Gérard Berréby, recherchant la métaphore qui synthétisera une situation, happant çà et là des bribes de phrases, dans une conversation entendue, dans un livre, la poésie n’est pas une activité secondaire de son métier d’éditeur – il est le patron des éditions Allia -, mais la façon la plus juste d’être au monde, ….
Le testament des oubliés, par Benjamin Hoffman, photographe, et Jean-Baptiste Gauvin, auteur
C’est chaque jour un massacre désolant, une hécatombe pour rien, pour des hommes pressés, pour des dieux du bitume royalement indifférents, pour des océans lointains. C’est un petit livre dont la couverture est pailletée d’or, comme un hommage somptuaire à ces invisibles d’une tragédie des lisières. C’est Au bord, un texte de Jean-Baptiste Gauvin, qu’encadrent…
Fissures, failles, frontières, une Europe barricadée, par Carlos Spottorno et Guillermo Abril
« Le temps passe très lentement. C’est comme l’un des cercles de l’enfer, auquel nul ne peut échapper. » La Fissure, de Carlos Spottorno, photographe, et Guillermo Abril, journaliste, est, sous forme de bande dessinée élaborée à partir de photographies traitées chromatiquement, un témoignage important sur l’identité européenne à l’heure de la crise migratoire internationale. Ayant puisé…
Rivesaltes, la mémoire du crime, par FLORE, photographe
12 novembre 1938. En France un décret permet l’internement des « étrangers indésirables » (600 000 personnes furent internées dans les camps français de 1938 à 1946) Dans son documentaire sidérant, No Pasaran, album souvenir (2003), Henri-François Imbert reconstituait, à partir de six cartes postales ayant circulé à l’époque de leur plein emploi, la mémoire perdue des multiples…
Au commencement était l’émotion, par Paul Cézanne, Martin Heidegger, et Hadrien France-Lanord
En Paul Cézanne, Martin Heidegger a rencontré un peintre du dépassement de la métaphysique faisant écho à ses propres recherches. Il ne s’agit pas pour le maître aixois de représenter plus ou moins sentimentalement un paysage contemplé comme pure extériorité, mais de répondre en couleurs au mystère et à la force d’un motif agissant…
Témoigner pour les témoins, par Georges Didi-Huberman et Niki Giannari
« Manifestement, personne ne veut savoir que l’histoire contemporaine a engendré un nouveau type d’être humain – ceux qui ont été envoyés dans les camps de concentration par leurs ennemis, et dans les camps d’internement par leurs amis. » (Hannah Arendt) Passer, quoi qu’il en coûte est encore une fois un livre important, et de haute sensibilité,…