Robert Capa – Réfugiés marchant sur la route entre Barcelone et la frontière franco-espagnole, 25-27 janvier 1939 (International Center of Photography / Magnum Photos) « Tu me plonges dans l’embarras lorsque tu me demandes de te raconter ma vie. Je n’ai pas eu une vie. Je ne puis me souvenir. Les émigrés en sont incapables. Nous, les…
Étiquette : Günther Anders
Une civilisation des gravats, par Bruce Bégout, philosophe
« Dans cette histoire fluctuante et discontinue, ce qui nous intéresse avant tout, c’est le moment présent, celui de l’architecture à bas coût et de son impossibilité actuelle de former des ruines. Les entrepôts en tôle à bardage qui prolifèrent à l’abord des villes et constituent un élément fondamental du paysage contemporain, et plus généralement toutes…
Penser en hérétique, Günther Anders, philosophe
Hiroshima, 6 août 1945 « Comme ils ont l’air inoffensifs, ces bidons de Zyklon B – je les ai vus à Auschwitz -, avec lesquels on a supprimé des millions de gens ! » Günther Anders (1902-1992) est un veilleur, un guetteur, un éveilleur. Prenant acte des catastrophes du XXème siècle – les Première et Deuxième Guerres mondiales,…
France moisie, je vote Bernanos
J’étais perdu dans notre pays avili, ayant abandonné une grande part de ses valeurs anarcho-chrétiennes. Il me fallait une direction, un guide spirituel, un destin au-delà de la survivance politique à bas coût. Je lisais dans les journaux et les réseaux sociaux des points de vue intelligents, moraux, raisonnables, tenus par des personnalités éminemment respectables…
Sur l’avilissement, le rêve des machines, par Günther Anders, philosophe
« Cessez d’être un instrument, Powers. Devenez un être humain. » Günther Anders (1902-1992) fait partie de ces auteurs fondamentaux qu’il faut sans cesse relire, ou du moins garder en tête. Les éditions Allia publient aujourd’hui deux lettres de l’auteur de L’obsolescence de l’homme. Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle (1956), textes adressés à…
Entrer au désert, par François Bordes, écrivain, sur une photographie d’Alex Bianchi
©Alex Bianchi « Je n’ai rien à dire sur les nomades. Rien. » (François Bordes) Les beaux volumes de la collection Pour dire une photographie, dirigée par Serge Airoldi aux éditions Les Petites Allées, font partie du domaine de la curiositas qui enchante l’existence. Des livres à poster de vingt-six grammes tirés à deux cents exemplaires numérotés…
Morale du cinéma documentaire, par Jean-Louis Comolli, cinéaste, critique, essayiste
« Je n’oublie jamais que celles et ceux qui sont dans la salle obscure sont mes alter ego, au même titre que celles et ceux que j’ai filmés. » Il y a menace sur le cinéma documentaire, parce qu’il y a menace sur la pensée par la standardisation des productions visuelles. Inspiré pour son titre du pamphlet…
L’espoir est un risque que nous devons courir, par Robert Adams, photographe
La petite fille de la couverture du livre Our livres and our children, de Robert Adams (édition Steidl, exposition éponyme en cours à la Fondation Henri Cartier-Bresson) porte une robe blanche à collerette, des chaussures noires vernissées et tient d’un air grave un gobelet Pepsi. Elle apparaît dans l’ombre d’un adulte que nous ne voyons…
Rosa est sans pourquoi, hantises nazies et écritures du mal
En 1988, le philosophe allemand Günther Anders écrivait, dans sa deuxième lettre ouverte à Klaus Eichmann, fils du planificateur de la Solution finale, Adolf Eichmann, à propos d’une époque où prolifèrent les révisionnistes : « Ici, en Europe, il y en a en tout cas des millions qui, gênés par le nom d’Auschwitz, demandent impatiemment, en…
En désespoir de cause
Dans un livre majeur publié en 1956, L’Obsolescence de l’homme, sous-titré Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle, le philosophe allemand Günther Anders écrit : « Nous vivons désormais dans une humanité pour laquelle « le monde » et l’expérience du monde ont perdu toute valeur : rien désormais n’a d’intérêt, si ce n’est le fantôme du…