Au commencement était le soupir, par Yannick Mercoyrol, écrivain, critique d’art

La Liberté perdue, 1979, série « Les Evasions manquées », peinture sur toile, technique mixte, 284 x 178 cm, Paul rebeyrolle (photographie : Michel Nguyen) « Nous nous entreglosons tous. » (Michel de Montaigne) Quel plaisir de découvrir un auteur dont la langue, les visions et la ferveur esthétique me touchent immédiatement. Directeur de la programmation culturelle de Chambord…

Monet et Redon, peintres du mystère, par Olivier Schuwer, historien de l’art

Claude Monet, Portrait de Suzanne aux soleils, 1889, huilt sur toile 162 x 107 cm, collection particulière Quel plaisir, quel luxe, de pouvoir lire une publication aussi sensible et cultivée que Studiolo, dont le dernier numéro (18) s’intitule Indétermination. Outre des articles (liste non exhaustive)à sur le froissé dans la peinture classique (Guillaume Cassegrain), l’esthétique…

S’arrêter, par Jean-François Billeter, sinosophe

Deux nus, 1902, Pierre Bonnard Lire Jean-François Billeter me met systématiquement en joie, parce que sa pensée, s’élaborant à partir du plus simple et du processus du vivant observé finement, conduit à l’éveil. Rassemblant trois courts textes excellents, Bonnard, Giacometti, P. – publiés chez son éditeur français historique, Allia – s’interroge sur les notions du…

La culture, le simulacre, la présence, par Gilles Aillaud, peintre

Plage d’Hauteville, 1990 , huile sur toile 200×220 cm courtesy galerie Loevenbruck © Paris ADAGP, Paris. Fonds Gilles Aillaud / Galerie de France. Photo Fabrice Gousset courtesy galerie Loevenbruck, Paris « Le tableau est la preuve matérielle de la justesse de l’idée. » (Hélion) J’ai découvert en 2005 Gilles Aillaud – né à Paris en 1928 –…

Voir, c’est revoir, Henri Cartier-Bresson en majesté

Alicante, Espagne, 1933 © Fondation Henri Cartier- Bresson / Magnum Photos « Le jour où Henri Cartier-Bresson vit l’enfant grec, sur la route, se mettre à marcher sur les mains, par pure joie, ce qui le jeta, lui, sur l’appareil de photographie, ce ne fut pas seulement ce menu événement d’un lieu de silence et de…

Peindre la vie coite, Giorgio Morandi, par Bruno Smolarz, écrivain

« Il y a dans le paysage morandien l’application et la passion de la de la matière brute que l’on trouverait dans la représentation d’un nu, sans l’engagement de l’émotion immédiate. » Dans le vacarme et l’idiotie des punchlines de l’entre-deux tours des élections présidentielles, dans le désir de mort revenu en Europe, dans la novlangue sanitaire…

L’âme et la matière, par Eugène Leroy, peintre

« Je suis né en 1910 à Tourcoing ; orphelin de père l’année suivante. Toute ma jeunesse s’est passée près des bords de l’Escaut : collège à Roubaix. Mais vacances en partie à Roulers et Ghistel, et dès que vers quinze ans j’ai connu l’ami Paul, ce fut tous les chemins de pierres bleues d’Evregnies à Esquelmes, de…

Peindre des nymphéas, Monet à Giverny, par Jean-Philippe Toussaint, écrivain

« Le fait que je sois devenu écrivain ne m’avait jamais traversé l’esprit jusqu’à l’âge de vingt ans. Jamais, adolescent ou même étudiant à Sciences-Po, je n’aurais pu imaginer que j’allais un jour devenir écrivain. » J’ai beaucoup aimé les livres de Jean-Philippe Toussaint, le cycle de Marie Madeleine Marguerite de Montalte bien sûr (Faire l’amour, Fuir,…

Brest, les contours bleus d’un vide, par Gwenaëlle Magadur, artiste visuelle, et Jean-Manuel Warnet, écrivain

       ©Gwenaëlle Magadur  La Ligne bleue, du duo Gwenaëlle Magadur (artiste visuelle) et Jean-Manuel Warnet (écrivain) est un éloge vibrant de Brest, ville indocile, rasée/reconstruite, et « revêche à tout engluement dans le pittoresque provincial ». La Ligne bleue est un livre publié en 2019, mais c’est d’abord une intervention picturale urbaine réalisée en juin…

Une peinture sans culotte, par Jacques Cauda, portraitiste critique

Veronica Franco, Le Tintoret « Je parle à la vulve que j’ai esquissée, je lui dis la formule magique qui enchantait les Egyptiens : Descends, placenta, descends, placenta, descends ! Je suis Horus qui fait de la magie pour que celle qui donne la vie se sente mieux… » Je ne comprends pas toujours Jacques Cauda, peintre dont les…

Une logique au chaos, Paul Klee, par Stéphane Lambert, écrivain

« Paul Klee écrivait de la main droite et peignait de la main gauche. Une légère distorsion fait trembler la ligne d’horizon sur laquelle nous marchons. Le trait ouvre une porte dans la couleur. Qui allume une énigme dans la raison. En chaque témoin, il y a un devin qui dort. L’œuvre, elle, demeure un chemin…