L’abattement des hommes ou des chevaux – la Belgique par le photographe Cédric Gerbehaye

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Certains jours, nous mourons.

Certains jours, nous ressuscitons.

Certains jours, nous ne nous réveillons pas.

Nous sommes perdus, nous sommes unis, et nous dansons, travaillons, jetons des pierres de rage et de mélancolie.

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Nous rejouons Waterloo morne plaine, nous prions.

Nous nous endormons nus en rêvant d’amour, mais nous n’étreignons que notre propre absence.

Nous ne savons plus nager, et nous pleurons.

Nous buvons, nous tombons, nous crions.

Nous nous cachons, les tatouages sont faits pour ça.

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Tout est Congo, noir expressif plus que blanc écran, ainsi la Belgique coupée en deux, en quinze, en mille, du photographe Cédric Gerbehaye.

Nous sommes à Charleroi, à Mons lors de la ducasse rituelle, à Horion-Hozémon, à la foire du cheval de trait de Merchten, dans le port d’Anvers à l’odeur cacao, dans une usine à La Louvière ou à Seraing, à Bruxelles, Binche, Lessines, à l’hôpital psychiatrique de Tournai, au carnaval de Stavelot, à Ham-sur-Heure, à la foire agricole de Libramont, à Ostende, à Dixmude, à Waregem lors d’une fête hippique, à Marchin où passe un cirque

Nous sommes en prison et nous faisons la fête près d’un abattoir.

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C’est la guerre, au Darfour, à Sète ou à Liège, souriez donc un peu.

La solidarité est en libre service, mais nous n’avons plus de pièces.

Vues du ciel, nos plaies n’en paraissent pas moins grosses, elles sont simplement autres.

Les espaces du dehors ne soignent pas ceux du dedans, ou alors un peu, ou pas souvent, ou seulement pour quelques-uns.

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L’exil intérieur est l’état permanent de qui ressent besoin de créer pour se sentir enfin uni.

Le photographe Cédric Gerbehaye est belge. Il a beaucoup voyagé, la plupart du temps au bout de la nuit. Quand il revient chez lui, le pays natal a disparu, et c’est pourtant encore le même sur la carte de géographie.

Il n’y a pas d’origine, mais des provenances, des chemins qui nous entraînent, nous enjoignent, nous appellent.

L’œuvre de Cédric Gerbehaye est nécessaire, parce que, sans elle, il n’existerait tout simplement pas.

Faire l’homme, et dûment, écrivait Montaigne.

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Cédric Gerbehaye, D’entre eux, textes de Caroline Lamarche, Benno Barnard et Olivier Mouton, éditions Le Bec en l’air, 2015, 144p

 D'entre eux

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