J’ai découvert l’oeuvre d’Arno Brignon, membre de l’agence Signatures, à l’occasion de son travail photographique effectué dans le Couserans en Ariège, dont rend compte le livre Based on a true story (Photopaper, 2017), chroniqué ici même (Eloge du Couserans).
J’ai souhaité lui demander de présenter quelques images de Joséphine, une très belle et très émouvante série en cours concernant sa famille.
Merci à lui pour les mots qui suivent.
Eté 2008. Bashung chante pour la dernière fois, pendant que nous rêvons à une première fois. Un rêve que les médecins se refusent à pronostiquer. Un rêve qui par la science et la chance deviendra réalité un an plus tard. Chaque visite à l’hôpital se transforme en rdv amoureux pour inventer le rêve d’une vie.
Printemps 2009. « Love in progress », c’était le nom éphémère de cette série avant que Joséphine vienne en faire une certitude. Nous sommes presque trois maintenant. En prenant forme ce désir m’effraie autant qu’il me tente. Le hamac est toujours dans le jardin.
Hiver 2010. Je me cache derrière l’appareil, me raccrochant à ce petit objet pour ne pas être submergé. Je ne sais pas encore de quoi j’ai peur. Est-ce la peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas contrôler, de la perdre ? Ou est-ce cette peur, égoïste, de l’engagement et de perdre de ma liberté ? Heureusement, il y a Caroline. J’ai démissionné de mon travail d’éducateur à la naissance de ma fille. Etre photographe et devenir père m’occupent tout le jour. Et les nuits. Dans mes rêves où la mort me hante depuis tant d’années, elle s’invite maintenant avec évidence dans cette tragédie nocturne.
Printemps 2011. Ce miroir, il est autant à Lewis Carroll qu’a Nan Goldin. Le passage de 2 à 3 n’est pas une évidence. Il faut lutter dans ce microcosme amoureux pour savoir rester 2, sans jamais oublier d’être 3. Un déséquilibre qui redonne sens à la vie.
Eté 2014. Un jour la glace se brisera, l’extérieur nous rattrapera. Aujourd’hui, profitons d’être encore seuls pour réinventer le monde. Le quelconque devient exceptionnel et les jours de pluie merveilleux. Le beau est partout.
Eté 2016. Une minute de silence. L’ombre qui plane sur le monde en ce moment rejoint le nôtre. L’amour ne protège pas de tout, les vacances ne sont plus un refuge complètement sûr. La réalité a désormais encore plus besoin de l’imaginaire.
Automne 2016. Je sais maintenant de quoi j’ai peur. Les cauchemars se piègent dans les toiles que j’ai tissées, s’invitant encore trop bruyamment dans le réel.
Printemps 2017. Je me rappelle de mon enfance, de ces nuits où je n’arrivais pas à me rendormir. Je descendais et m’asseyais sur une marche de cet escalier attendant qu’un de mes parents se réveille. Elle est là sur cette marche, il fait jour maintenant.
Eté 2017. L’Auvergne, c’est le pays de mon père, et de mes vacances d’enfant. La maison a été vendue l’an passé. J’ai besoin de revoir ces volcans, d’y emmener Joséphine et Caroline, d’aller me lover dans leur cœur pour sentir leur chaleur enfouie. Le volcan, dans ma géographie, est au bord de la mère.
Très beau! Poésie et talent du photographe!
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piece of writing posted at this site is actually nice.
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