Nia Diedla photographie des délicatesses, des arbres inversés, des ciels de racines.
Maleza, petit livre plein de grâce publié chez Filigranes Editions / Ediciones La Visita, est d’une grande douceur, qu’habitent des tissus nobles, des courtines, des robes en coton léger, des flottaisons de souvenirs, dans un ensemble de quarante photographies en noir & blanc, hommage au livre séminal du maître Sergio Larrain, Rectangulo en la mano (1963, réédition récente chez Xavier Barral).
Les images de Nia Diedla, venue du Chili pour vivre à Paris, sont des allégories du temps, des fragments de rêves, des annonciations voilées, des arrêts sur paroles si l’on considère avec Saint-Jean que tout dans la création est verbe.
Maleza signifie en espagnol les mauvaises herbes, les méchantes graines qui s’infiltrent partout. Rien de plus merveilleux pour l’âme errante qui en fait des complices de sa liberté.
Nous sommes ici au pays de l’enfance, des territoires fantomatiques, et des identités complexes possédant un charme fou.
Pour les amoureux de l’art, une femme passant devant vous d’un pas souple, corps gracile, à peine vêtue, est une nymphe.
Freud l’appelle la Gradiva, mais nous pouvons aussi la nommer Psyché.
Le travail de Nia Diedla est d’une grande finesse de perception, troublant sans avoir besoin d’être insistant, misant plutôt sur la force de la fragilité, et la longueur d’onde des mots de peu posés sur le silence :
« L’iris / nu / à / la / serrure / Depuis / la / poussière / de / mon / jardin / de / grisaille / A / contrejour / je / me / cache / Entre / quelques / dessins / d’arbustes / et / un / corsage / de / femme »
Nia Diedla, Maleza, poème de Nia Diedla, Filigranes Editions / La Visita, 2018 – petit format