
Elles sont là, timides et graves, expérimentées ou novices.
Elles ont parlé toute l’après-midi, bu des cafés ou des verres de vin, elles sont à l’aise maintenant, elles sont prêtes.
Elles font ça pour elle, pour leur mari, pour leur compagnon, pour leur amant, pour le temps qui passe et salit vite les rêves.

Bientôt, il n’y aura plus de vêtement, plus de cuirasse, plus d’artifice, ou seulement quelques objets, quelques bouts de tissus. Un chapeau, des bas, des talons hauts, un short, une gaze.
Il y aura un état d’être et de désir, une simplicité de peau, une offrande, une révélation des secrets intimes.

Elles sont de Quimper, de Paris, de Lille, de Tulle, de Reims, de Mont-de-Marsan, de New York, elles sont nues, intrépides, irrésistibles.
Depuis plus de trente ans, Jean-Philippe Guivarch les invite à se déshabiller, leur offrant la caresse d’un noir & blanc argentique d’une folle élégance.
En voyant ses images, on n’aurait pas tort de penser à Helmut Newton ou Jean-François Jonvelle ou Bettina Rheims.

Chez Jean-Philippe Guivarch, les femmes sont libres, belles sans être stéréotypées, acceptant pleinement le jeu de l’érotisme.
La féminité est ici une puissance de vie, une façon de s’arracher à la mort en lui murmurant à l’oreille : Noli me tangere.
Sa Madone (1998) a de grands yeux clairs, de jolis seins ronds, elle est à la fois sauvage et douce.

Un dimanche (2004) est une invitation à s’aimer, comme ça, sur le carrelage ou la table du salon, malgré la menace de la pointe d’un talon.
La vendeuse de glace (2012), parsemée de grains de sable, est une nymphe torride traversant les oyats.
Géométrie des corps, des courbes, des volutes, des poitrines, des ventres et des sexes.

Eve s’allonge sur un banc du jardin, ou un tapis de feuilles.
La voici courbée sur une chaise de bureau, il doit être temps de réviser ses leçons.
Jean-Philippe Guivarch aime les femmes, tentatrices et mystérieuses, innocentes et diablesses.

Le temps d’une pose, être le désir, l’audace, et jouir de son pouvoir.
Parce qu’il est agréable d’oser, de se dévoiler, de se révéler autre à soi-même, de provoquer, de jouer la comédie des apparences, même et surtout nue.

Jean-Philippe Guivarch, E.L.L.E.S., texte Laurence Vignon, autoédition, 2019
Pour toute commande, contacter le photographe sur Facebook – Lien ici

exposition à la galerie Pont des Images, à Pont-L’Abbé (Finistère) jusqu’au 26 octobre 2019