
Attention, vous êtes prévenus, ce type là est fêlé, c’est un empereur byzantin du temps de l’iconoclasme.
C’est peut-être un roi sans divertissement, mais son désespoir est une fête.
Ou un mystique recouvrant de peinture, liquide et épaisse, le tout-venant de la production visuelle propice aux fantasmes, magazines, posters, photos de films, images ayant traîné dans la poussière des rues.

Ne lui offrez surtout pas vos photos de mariage, il les rendrait méconnaissables, vous collant sur le flanc une pin-up aux seins nus, et remplaçant votre tête par un portrait de Vladimir Poutine, ou une vulve.

Il est capable de beaucoup, on le craint, on le fuit, mais on le désire secrètement, parce que ses giclures sont des dons de vie.
C’est un païen, un hérésiarque, la terreur délicieuse des pensionnats de jeunes filles.


A la fois grand Inquisiteur et grand pécheur, forcément.
Le Fils est-il d’une nature inférieure à celle du Père ?
La vierge Marie est-elle sainte ou simple véhicule ?
L’amour existe-t-il lorsque l’on aime à ce point le coït ?

Pour son dix-septième livres en quelques années – plusieurs sont solde out -, Sharon Stone, La vie des animaux, Volume 1, Vincent Delbrouck poursuit son grand œuvre de déculottage des images, plongeant dans le chaudron de ses obsessions.

Un perroquet, une belle offrant ses fesses, une pierre tombale, un phylactère déchiré de comics érotique.
Des dessins d’enfant, une croix de Malte, le visage d’une amie.
Une Cubaine qui ressemble à une fille russe.

Une mandorle, des arches de peinture, des traînées de couleur, des éjaculations de bleu et de rose.
Obsédé sexuel, parce que nul n’échappe vraiment à la prostitution intégrale du monde et que le corps est notre première monnaie d’échange, Vincent Delbrouck est un maître du polyptique punk, fou de peinture et d’irrévérence.

Je lis, prenez votre agenda, copie à rendre pour lundi : « La plaie du Christ sur D.H. Lawrence »
Pourquoi un cul a-t-il tant de pouvoir ? une robe légère tombant bien ? une fille posant nue devant un aquarium ?


Dans la rue sud-américaine, Sharon Stone est une fleur vénéneuse violette.
Dans la nuit baroque des pays sans sommeil, Sharon Stone est un ara déployant ses ailes.
Vincent Delbrouck, Sharon Stone, La vie des animaux, Volume 1, design Philippe Koeune, livre autopublié, 2019