
The hunter gets captured by the game est un titre du groupe de chanteuses R&B The Marvellettes datant de 1967, repris en 1995 par Massive Attack.
C’est ainsi que l’Anglais Chris Shaw nomme également son livre de photographie, colligeant des scènes se déroulant dans des hôtels, des bars à strip-tease, des rues chaudes.
Nuit, club, fête et fesses.

Beauté torride de belles en bas, nues, de transsexuels alanguis, de vestes ouvertes sur des poitrines offertes.
Reliure à la bodonienne, couture orange fluo, images pleines pages en noir & blanc, avec alternance de feuilles de plastique transparentes sur lesquelles sont inscrites les paroles du song des black sisters Marvellettes.
On le voit, rien de trop beau pour la splendeur vénéneuse des images de The hunter gets captured by the game, livre au rythme éminemment musical, bâti comme une succession de fines portes ouvrant sur des fantasmes, des extases, des séductions, des soumissions.

Le photographe-chasseur est pris à son propre piège de voyeurisme, incapable de quitter ce qui le fascine pour une liberté supérieure.
Chris Shaw photographie le chant des Sirènes, et sa propre capture menant à l’autoconsumation.
Qui capture qui ?

En ces endroits de luxure et de sexe consenti, s’applique la dialectique hégélienne du maître et de l’esclave.
L’esclave porte des talons hauts, une robe de cuir, et un soutien-gorge transparent.
Charme et contre-charme.

Le maître dépravé, muni de son appareil de vision, est le jouet de son addiction, dépendant du strass, des jupes fendues, et du sexe érigé de la belle qui l’hypnotise.
Prend un pommeau de douche pour chanter le blues de la dépendance sexuelle.
Lunettes de soleil, jouissances rapides, sommeils pressés.

Voici Chris Shaw, Actéon changé en cerf, condamné à la torture des chiens qui le dévorent.
Voici un portier de nuit qui connaît la musique.
Chris Shaw, The hunter gets captured by the game, texte de Chris Shaw, Mark Pearson publisher, Zen Foto Gallery (Japan), 2019
