For ever young, par Martin Rosengren, photographe

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© Martin Rosengren / Journal

Dans la défiguration et le désastre nous tenant désormais lieu de monde, il nous faut des visages, des vérités de peau, des bouches à embrasser sans discrimination.

Il nous faut des bars, des clubs, des rues densément peuplées.

Nous nous frôlons, nous sommes des étrangers, nous jouons des rôles, mais, l’espace d’un instant, d’une nuit, nous pouvons tenter de quitter la mascarade, nous abandonner ensemble dans la fatigue et l’amour.

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© Martin Rosengren / Journal

Il n’y a pas de rapport sexuel, mais il y a des enlacements, des emboitements, des regards métamorphosés à l’instant de la jouissance, des rougeurs nouvelles indiquant le bonheur.

Avec Reconnect, Martin Rosengren photographie à Stockholm les visages d’une jeunesse superbe de ses doutes, de ses ivresses, de sa pudeur, de sa radicale différence.

 Son livre publié par les éditions Journal rassemble des portraits non pas rêvés, mais vrais de leur diversité et, quelquefois, de leurs stigmates.

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© Martin Rosengren / Journal

Prises de nuit, les photographies sont nimbées de couleurs chaudes et de flammes intérieures.

La rue est la première des marieuses, l’aventure y est permanente.

Des piercings, des casquettes, du rouge à lèvres, des sweats à capuche, et la contrainte de rester désirable lorsqu’il faut porter des vêtements chauds.

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© Martin Rosengren / Journal

Martin Rosengren photographie parfois des couples, des duos de garçons, des amoureux.

Ce pourrait être des plans issus d’un film de skate de Larry Clark, mais à la Suédoise, c’est-à-dire dans la force de visages parfois très pâles créés par le grand espace nordique.

Mais les recherches identitaires sont les mêmes, la frontière entre innocence et dureté face à l’adversité semblant réunir ici l’ensemble des individus.

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© Martin Rosengren / Journal

On ouvre des bières, on se rapproche, on se cherche.

Audace d’un pan de soutien-gorge rouge offert à la vue, des bras croisés avant de s’étreindre, des cigarettes, un manteau de fausse fourrure, le besoin d’être regardé, aimé, désiré.

Des timides, des hâbleurs, des effrontées.

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© Martin Rosengren / Journal

Des tatouages et des peaux glabres.

Des maquillages outrageux, des cous virginaux.

Reconnect aurait pu s’appeler La Rencontre, livre montrant une jeunesse encore sauvage n’ayant aucune envie de basculer dans le monde adulte.

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© Martin Rosengren / Journal

Une jeune femme aux yeux de louve enlacée par sa compagne androgyne regarde sans ciller le photographe désormais bien plus âgé : c’est lui l’étranger, l’expulsé, l’absolument autre.

Si ses personnages paraissent quelquefois mélancoliques, il faut lire dans leurs yeux son propre  et douloureux exil.

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Martin Rosengren, Reconnect, editing and design Gösta Flemming & Martin Rosengren, éditions Journal (Suède), 2019

Editions Journal

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. irene tetaz dit :

    Ce « tout » si important qu’on nous interdit en ce moment…quel sublime travail…merci

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