© Angelica Elliott
Situé dans la banlieue de Stockholm, Rågsved est un quartier bâti dans les années 1950, où la photographe Angelico Elliott a décidé de s’ancrer depuis quelques années, en faisant une nouvelle terre natale.
C’est aussi un livre publié par les éditions Journal, intime, émouvant, fraternel.
La première image, sensuelle, est celle d’une chambre : des jambes nues étendues sur un lit, un chat noir, des murs nus. Ce pourrait être le corps d’une belle amie photographiée par Saul Leiter dans son studio de travail new-yorkais.
© Angelica Elliott
Des immeubles, une vie sans luxe, les visages du monde.
Une station de métro, un café, des petits commerces.
Angelico Elliott photographie Rågsved comme une mosaïque humaine, alternant portraits d’habitants et paysages, terrain de foot bucolique et fils d’immigrés africains, lieux de promenades et parkings, scènes de la vie quotidienne et rencontres autour d’un verre.
© Angelica Elliott
Il y a ici un principe d’amitié très beau, pour les yeux des amis, pour les voitures garées sur une place, pour la brume effaçant tout.
Une vieille dame fait ses courses, on discute entre papys, on pose plein cadre façon Walkyrie triste.
On s’aime à Rågsved, entre femmes, entre hommes, entre chats.
© Angelica Elliott
Un promeneur, photographié en plongée, marche, seul, tête penchées, allégorie de la solitude.
Une rose n’en finit pas de faner dans une bouteille de vin remplie d’eau.
Il y a des rêves, on devine des désirs, des caresses, des fêtes quasi clandestines.
Une phrase sur un Polaroïd : « We are all the same here, it’s hard to explain »
© Angelica Elliott
Au bar du coin, il y a les visages de toujours, ravagés par l’alcool, les danses improvisées, des couples improbables.
La station de métro fait le lien avec Stockholm, d’où viendront de nouvelles têtes, de nouvelles surprises, d’autres possibilités d’amours.
Ponctuant son livre d’autoportraits, Angelica Elliott semble dire à chacun : je suis là, je suis femme, destin de corps et de sensibilité parmi d’autres destins de corps et de sensibilité.
© Angelica Elliott
Des voitures brûlent, Rågsved n’est pas une pouponnière, on peut s’y battre, y perdre quelques instants la raison, mais la vie y est si dense, si belle, qu’elle serait fade partout ailleurs.
Un aveu : « You killed a part of me too. »
Ce sont les mots d’une femme touchée au cœur par un quartier multiculturel, dont la vitalité est probablement un antidote à sa mélancolie.
Angelica Elliott, Rågsved, text (swedish/english) Angelica Elliott, editing and design Angelica Elliott, Gösta Flemming, 2020, 168 pages
© Angelica Elliott
© Angelica Elliott