© Irina Rozovsky
La vie en plein air, sans masque, dans un parc, avec toutes sortes de gens cool et sympathiques, des amoureux, des familles, des Blacks faisant un barbecue ou du tai-chi, ça vous fait rêver non ?
N’est-ce pas aujourd’hui une utopie à la mesure de notre rétrécissement ?
Quoi de mieux que l’esprit des fêtes galantes du XVIIIe siècle à travers le temps ?
© Irina Rozovsky
Quoi de mieux que de réinventer, à quelques-uns d’abord, dans le respect et l’admiration réciproques, une contre-société, un contre-virus planétaire, et d’élargir peu à peu cet embryon de Commune à de nouveaux beaux amis ?
L’important, comme dirait le maoïste Badiou, qui s’y connaît en matière d’endurance politique, est de tenir un point, par exemple un vaste jardin de Brooklyn (NYC), le paisible Prospect Park ?
Est-ce donc cela le fameux mythe du melting-pot américain ? Un mélange de classes sociales et d’êtres de toutes origines géographiques, rassemblés autour d’un lac faisant le lien entre tous ?
© Irina Rozovsky
In Plain Air, de l’artiste Irina Rozovsky née à Moscou et grandie aux Etats-Unis montre cela (corpus 2011-2020) avec beaucoup de grâce, dans une lumière renoirienne, de feu, de joie et d’apaisement.
Depuis que nous vivons dans une dystopie sanitaire à l’échelle mondiale, rien ne paraît plus important que de pleines et entières retrouvailles avec l’autre, l’inconnu, la beauté de son visage et de son corps, le partage de moments arrachés à l’ordre de la mort.
A nous de réinventer des rites, des géométries d’enchantement, des gestes libres, quand la police et les géants du data contrôlant nos données renforcent leur pouvoir – mais les Babel chutent, c’est la loi.
© Irina Rozovsky
In Plain Air est un livre doucement lyrique, le portrait discret du peuple d’aujourd’hui accueilli avec bonheur par les arbres et les eaux d’un endroit faisant songer à quelques rives discrètes d’un bras du Mississippi.
Ici, les feuilles pensent, les branches dialoguent, les pierres s’amusent à faire la grimace.
Rencontre d’un homme et d’un poisson, d’une chaise et d’un banc de sable, de femmes en sari et de cygnes, d’un joggeur et de canards, d’un soldat ensommeillé et d’un tronc d’arbre.
© Irina Rozovsky
Je ne connais pas la photographe, mais je vois son livre comme un très bel autoportrait, habité par la puissance d’un souffle très maîtrisé.
La démocratie commence ici, dans la juste distance, dans le bon placement, dans les sensations exactes.
Des enfants jouant dans la neige : le tableau est une scène de Brueghel.
© Irina Rozovsky
Des juifs orthodoxes.
Des amants se couchant à l’abri des regards.
Une petite demoiselle d’honneur au visage asiatique.
Un groupe faisant de la danse contact.
© Irina Rozovsky
Un canotier.
Une nymphe couchée dans la ramure, pieds nus, bras relevés dans une position d’abandon.
Un déjeuner sur l’herbe entre brothers.
Une femme voilée, une femme qui fume, une femme qui embrasse son mari.
© Irina Rozovsky
Une jeune fille jouant du violon, et un bel homme smart tenant un livre à la main.
Un couple d’origine mexicaine allongé sur une natte.
Des regards tendres, des positions sensuelles, un téléphone portable et un gobelet de café.
Un homme obèse, un arbre étique.
Voilà la vraie vie, avec les chiens qui font les fous, les poumons qui respirent à fond, le calme intense d’une nature pouvant s’épanouir.
© Irina Rozovsky
Guitare et bain de minuit.
Tout le reste est maléfice, misère morale et existentielle, démoniaque.
In Plain Air, c’est là-bas, mais c’est aussi ici, à chaque fois que dans une arche de nature préservée circule entre les êtres et les dieux des végétaux une énergie positive.
Irina Rozovsky, In Plain Air, text Irina Rozovsky, design Irina Rozovsky & Morgan Crowcroft-Brown, MACK (London), 2021
Je voulais vous remercier pour vos chroniques qui sont, depuis plus d’un an, si consolatrices pour moi, elles me sauvent du chagrin. MERCI.
Nous peinons à croire que nos parents nous ont donner l’illusion d’accéder au monde, que nous l’avons (presque) touché (détruit?), que nos enfants devront vivre désormais en réaction, comme des survivants, à cause d’une si petite chose qui nous prive de tout et de tous et nous désarme. Notre seul salue dépendra de notre aptitude à créer. Et c’est peut-être ce qui nous maintient debout, que nous demeurons savants, vivants. Alors Merci de me donner à voir, à lire, à écouter parfois aussi.
Soyons gourmands plus que ce microbe qui nous grignote nos rêves sur le dos!!
Merci de m’aider à « panser ».
Tous mes vœux plus qu’il en faut, puisque c’est nécessaire.
(pour accompagner ce message , « distant sky » de Nick Cave)
MERCI
Muriel
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