© Lauriane Desvignes
Addenda inattendu à la dizaine de volumes de la collection Des oiseaux, publiés par les éditions Atelier EXB, Du vent au bout des doigts est un livre très touchant issu d’une collecte opérée à Metz par La Conserverie, Conservatoire National de l’Album de Famille.
Des contributeurs, pour une part anonymes, ont accepté de confier à cette structure créée en 2008, après appel à collecte lancé en 2019 par Anne Delrez, auteure de L’Autobiographie comme mensonge (2017), des images issues de leur fonds personnel montrant la relation de l’être humain, de tous âges et de toutes conditions, avec un oiseau.
L’ensemble, en couleur et noir & blanc, publié avec beaucoup de soin – format vertical, reliure à la bodonienne, dynamisme de la mise en page, choix des diptyques – est une véritable réussite, témoignant de la force de la photographie comme pratique vernaculaire.
© La Conserverie – anonyme
Une petite fille prend soin de son oiseau, un pauvre moineau quelque peu ébouriffé, et c’est tout l’amour du monde qui s’exprime alors.
Les oiseaux, on peut les porter sur la tête, sur l’épaule, sur la joue (en se contorsionnant).
On peut leur sourire, les caresser, leur parler, ils comprennent tout.
Il faut tendre la main calmement, entrer dans une zone de confiance qui est une délicatesse partagée.
© Aurélie Amiot
Des couples improbables se forment, qui douterait de la sensibilité de la gent ailée ?
Bernard Plossu a photographié en Andalousie la liberté des hirondelles (livre publié 2008 chez Filigranes Editions), et, récemment, Francesca Todde l’amitié d’un homme et d’un corbeau (A sensitive education, Départ pour l’image), mais ici pas de projet éditorial défini, pas de systématisme, simplement la preuve d’une relation unique, l’étonnement face à ce qui se crée entre l’homme et l’animal, une volonté de garder trace de l’inouï d’une complicité singulière.
Fascination de l’un pour l’autre, de la dame à chignon et du pigeon, de la jeune fille et du pioupiou.
Ne dites pas mal de moi, de votre voisin, de votre conjoint, le perroquet du Gabon répétera tout : « M’énerve celui-là », « ça suffit ! », « Faudra que ça cesse », « Aux armes, citoyens ! »
© Jacques Barbier
Dans la pénombre, on se regarde, on s’apprivoise, on se respire : le dialogue est très intime, très intérieur.
Du vent au bout des doigts est un éloge du simple comme merveille, du petit être peureux ou espiègle et des géants qui le touchent, des paumes ouvertes et des poignets offerts.
Par l’étrange présence des volatiles s’exprime la grâce du vivant, humain ou non humain.
Du vent au bout des doigts, une initiative d’Anne Delrez, portée par La Conserverie (Metz), 2021, 80 pages, 300 exemplaires
Exposition éponyme bientôt visible
Se procurer Du vent au bout des doigts
© La Conserverie – anonyme