©Mathieu Van Assche
Seizième titre des Editions Le Mulet (tous les autres ont été chroniqués dans L’Intervalle), Klepto Man, volume. 2, est le nouveau fanzine de l’inlassable photographe errant Mathieu Van Assche, cofondateur avec Simon Vansteenwinckel de l’agence de graphisme Dirk Studio.
Klepto Man pourrait d’ailleurs être un surnom, celui d’un artiste voleur d’images comme il y eut des voleurs de feu durant la Préhistoire.
Pourquoi tant de chiens dans tant de publications de quelques pages ?
©Mathieu Van Assche
Parce qu’en si peu d’espace, chaque image compte, et qu’il faut avoir du flair pour ne pas manquer les pépites d’os de la réalité.
Il faut ainsi imaginer Mathieu Van Assche en bâtard des rues, avançant sa truffe çà et là, peut-être pas très beau de poil mais l’instinct assuré.
A quoi ressemble, en cette seconde livraison de cahiers de recherches à qui l’on souhaite une belle longévité, le grand carnaval des humains – car il y a parfois de la drôlerie ou du burlesque involontaire en cette série d’images en noir & blanc pourtant si sombres ?
©Mathieu Van Assche
A beaucoup de solitude, de folie, d’abandon.
On marche seul dans une rue déserte, précédée par une ombre.
On monte sur une échelle pour opérer quelque réparation sur un câble téléphonique, en tendant ses fesses vers la tête ahurie d’un berger allemand prêt à bondir.
©Mathieu Van Assche
On attend, on prend le tram (masqué), on écrit sur un mur de briques : « A bas les capricornes »
La réalité que documente en son essai poétique Mathieu Van Assche est âpre, difficile, impitoyable.
L’Etat belge s’effondre, les misérables sont innombrables, plus près du macadam sale que du ciel.
Heureusement, il y a des aubes nouvelles, et des oiseaux inéducables, comme des jeunes en sweat à capuche lançant pierres et imprécations sur le vaste parking de l’Occident.
©Mathieu Van Assche
Alors que quelque félin dévore avec volupté sa proie (page de gauche), une vielle dame indigne (page de droite) porte avec chic dans la rue une robe léopard surmontée d’un gilet de laine.
Pourquoi ne se travestir que durant quelques jours dans l’année ?
Pourquoi ne se satisfaire que de quelques instants d’oubli de soi ?
©Mathieu Van Assche
Est-ce le maître qui promène son chien, ou le chien qui promène son maître ?
Bruxelles est ivre, Bruxelles aboie, Bruxelles titube de désespoir.
C’est la pandémie, camarade, mais au fond le virus de la mélancolie n’est-il pas solidement installé en nous depuis très longtemps ?
Mathieu Van Assche, Klepto Man, volume. 2, design Dirk Studio, Editions Le Mulet, 2021
©Mathieu Van Assche
Se procurer Klepto Man, volume. 2
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