©Kamilya Kuspanova
« Though the civilisation had been destroyed, the world was peaceful again. »
Livre/fanzine de l’artiste kazakhe installée en France, Kamilya Kuspanova, A Dreamer is Still Asleep, est un état intime autant qu’un reflet du monde.
S’affrontent en cet opus de grande beauté les forces de la destruction et les puissances de la création.
Faut-il que tout s’effondre pour que tout renaisse ?
©Kamilya Kuspanova
Nous sommes à l’instant où tout bascule, où la musique festive se transforme en glas, où les corps qui dansent deviennent des pantins de chair sous les gravats.
On peut prier, on peut s’aimer dans la nuit, on peut être un corps de joie, alors que la guerre se répand, que le feu gagne la terre, que les esprits implosent.
Dans le spectacle du chaos, il y a des fleurs d’épiphanie ; dans l’errance hagarde, il y a des moments de foi puissants.
Composé d’images de captures d’écran et de photographies personnelles, probablement réalisées au Smartphone, A Dreamer is Still Asleep est composite comme la matière qu’il traite et monte brillamment.
©Kamilya Kuspanova
Nous sommes la cible – image de couverture -, mais il arrive que par les trous qui nous percent le corps nous nous échappions en des îles inatteignables pour les forcenés du crime.
Nous sommes sous le regard d’un drone géant, personnages d’un jeu vidéo aux dimensions de la planète.
On s’endort contre une voiture qui brûle, contre un serpent, contre une rose brisée, contre un feu d’artifice.
Deviens mon amour ce que tu fus peut-être, cheval, écureuil ou abeille.
©Kamilya Kuspanova
Echappe-toi dans une icône, sous un pull à capuche, dans la flèche d’un arc bandé.
A Dreamer is Still Asleep est un constat et une prière, un acte apotropaïque et le portrait d’une blessure géante.
On lit : « Fuck you / You fucking / Fuck », et « Love is the answer ! »
On peut aimer son fusil, on peut aimer son frère, on peut aimer la pénombre et le soleil.
©Kamilya Kuspanova
Nous errons dans l’Histoire, nous avons un peine un visage, les livres se sont consumés, les enfants apprennent à se battre.
Kamilya Kuspanova photographie une interminable agonie, et la vallée, là-bas, tout au fond du tunnel.
Kamilya Kuspanova, A Dreamer is Still Asleep, 1991 Books, 2021, 142 pages – 100 exemplaires
©Kamilya Kuspanova