Soi-même, l’autre, par Oxiea Villamonte, photographe

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©Oxiea Villamonte

Next of Kin est un livre de grande singularité questionnant, par le moi alternatif d’une artiste se prénommant Zillah, son identité de femme.

Zillah, c’est Oxiea Villamonte, elle-même dans la continuité des générations – sa mère, ses grands-mères -, mais aussi son avatar de création, peut-être sa véritable personnalité.

©Oxiea Villamonte

Car il faut se recréer à partir de l’ensemble de nos similitudes avec nos proches, s’extraire d’une forme pouvant mener à la folie, inventer une biographie plus large que celle des gênes et des héritages directs.

Dans un jeu subtil de correspondances et de quasi-fusions, la photographe se met en scène aux côtés de sa mère au même âge à partir d’images issues des archives familiales.

On ne sait pas toujours qui est qui, il faut chercher, formuler mentalement des hypothèses et finalement trouver les points d’irréductibilité en chaque visage.

©Oxiea Villamonte

Passé et présent se mêlent en un montage non chronologique.

Redoublant le vertige par le choix d’une amie lui ressemblant, également photographiée à ses côtés, Oxiea Villamonte plonge son spectateur dans des abîmes de perplexité, qui sont très beaux, très puissants.  

Regardez-moi, semble nous dire l’artiste, mais regardez aussi à quel point je suis l’autre, dissemblable et pourtant identique.

©Oxiea Villamonte

Les piercings aux tétons lui donnent une allure sauvage, indocile, rebelle, la femme du XXIè siècle ne sera pas une potiche, mais une force de désir sachant ce qu’elle veut, qui elle veut, quand elle veut.

D’ailleurs, avec ces bijoux excitants comment allaiter ?

Les gothiques sont de sortie, avec elles tous les fantômes de la nuit, et le mouvement des ténèbres.

©Oxiea Villamonte

Cigarette de l’une, bouche de l’autre.

Bouche de l’une, cigarette de l’autre.

L’enfant se réinvente à Chicago, ville symbolisant sa naissance artistique.

Le visage collé contre celui d’un homme, ami ou amant, paraît la diffraction d’une même identité, là encore.

©Oxiea Villamonte

Cœur de fer dans les barbelés, paillettes sur les joues, câbles de téléphonie serpentant sur une façade en bois.

Apparaît une femme blonde, sculpturale, élégante, irrésistible et qui le sait, comme un contrepoint aux yeux très noirs de la petite Louise Brooks universelle représentée dans ce livre conçu à la fois comme une énigme visuelle et comme un trouble métaphysique.

Les anticapitalistes s’embrassent pleine bouche, se tatouent de leur salive, ACAB contre l’accablement du calcul omnipotent.

©Oxiea Villamonte

Séduction, désir, chemins de traverse.

On peut s’arracher les oreilles, les lèvres, les yeux, se raser la tête, mais la petite fille qui aimait les petites filles, mais aussi les hommes, est toujours là à l’âge de la recomposition identitaire adulte.

Oxiea Villamonte, Next of Kin, photographies Oxiea Villamonte & Reina Villamonte, production Bruno Devos, Stockmans Art books, 2020 – 400 exemplaires numérotés

https://oxieavillamonte.com/

©Oxiea Villamonte

https://www.stockmansartbooks.be/en/oxiea-villamonte-next-of-kin.html

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