Des photographies et des masques, par Mathieu Van Assche, dessinateur

©Mathieu Van Assche

La transformation n’est jamais loin du transformisme et du chamboulement identitaire.

En dessinant au feutre peinture (posca) des masques fantaisistes sur des visages de photographies anciennes, Mathieu Van Assche fait entrer l’iconographie traditionnelle du portrait dans le domaine de l’étrange et de l’onirisme.

Avec l’ouvrage Mascarade, publié par éditions CFC, il explore ainsi, généralement avec beaucoup de douceur, voire de mélancolie, la figure de l’autre en soi.

Quelle place fait-on au monstre et à la différence ?

©Mathieu Van Assche

Pourquoi s’oblige-t-on toujours à ressembler à ce que nous ne sommes peut-être pas vraiment en prenant les apparences de tout-un-chacun, alors qu’il y a du tout-an-khamon en soi ?

Au pays des expériences surréalistes les plus débridées et des fantômes hérités du Congo durement colonisé, l’artiste bruxellois invente, à partir de photos vernaculaires, tout un peuple de démons et d’êtres grimaçants.

Par le procédé du masque, l’invisible devient apparent, ou du moins le spectacle d’un monde secret que les normopathes refusent le plus souvent de considérer tant il brouille leurs perceptions et leur logique.

©Mathieu Van Assche

Il y a beaucoup d’humour ici et une sorte de compassion très belle envers l’absolument autre.

Les portraits sont parfois effrayants, mais ils sont plus fraternels que menaçants.

L’intérêt pour le carnavalesque en photographie, par exemple chez Corentin Fohlen (Karnaval Jacmel, Light Motiv, 2017), Yannick Cormier (Dravidian Catharsis, Le Mulet, 2021) et Mathieu Van Assche, est aujourd’hui d’autant plus précieux que nous mourons de l’esprit de calcul et du sérieux assommants des zélateurs du projet existentiel.

©Mathieu Van Assche

Mascarade dit autre chose : la première des ambitions est d’abord d’apprendre à connaître l’autre en soi et de s’amuser ensemble avec les apparences, en métamorphosant la respectabilité bourgeoise en farandole d’entités grotesques et impetinentes.  

On appelle cela la liberté, non ?

Mathieu Van Assche, Mascarade, direction éditoriale Christine De Naeyer, suivi éditorial Thomas Keukens, graphisme Collin Hotermans, Mathieu Van Assche, Editions CFC, 2022

©Mathieu Van Assche

https://www.maisoncfc.be/fr/products/1241-mascarade-mathieu-van-assche

Cofondateur des éditions Le Mulet, Mathieu Van Assche est graphiste (Studio Dirk), illustrateur, graveur et photographe

©Mathieu Van Assche

https://www.mathieuvanassche.com/

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