Valparaiso, le sentiment poétique de l’existence, par Alexandre Christiaens, photographe

©Alexandre Christiaens

« Ode au souffle / Ode au vent, aux courants, aux mouvements / Ode aux pêcheurs, aux marins, aux bâtisseurs, aux vivants / Ode à la multiplicité / Ode à ce qui joint / Ode à ce qui disloque / Ode à la glaise, à l’enfouissement / Ode à la pluie, au tonnerre, aux marées, aux équinoxes / Ode à l’aube, aux aurores / Ode à la poésie / Ode à la tragédie / Ode à toi, à moi, à eux / Ode au flux / Ode aux sangs mêlés » (Alexandre Christiaens)

Valparaiso, au Chili, comme Sète, en France, font partie de la petite série des villes organisant annuellement des festivals photographiques – depuis 2010 pour la première, et 2011 pour la seconde – où l’on retrouve, souvent invités pour des résidences, les artistes les plus talentueux du médium bientôt bicentenaire.

©Alexandre Christiaens

Une exposition récente à l’espace Contretype (Bruxelles) de la Chilienne Julia Toro, du Français Mat Jacob et du Belge Alexandre Christiaens, intitulée sobrement Valparaiso m’a permis une nouvelle fois de me rendre compte de la qualité des travaux prenant pour cadre ce grand port fantasmatique : poésie du quotidien pour Julia Toro, vertige des regards pour Mat Jacob ayant approché son objectif au plus près des visages, et double sentiment d’espace et de liberté pour Alexandre Christiaens.

Il y a chez ce dernier – voir son livre éponyme publié par FIFV ediciones – un goût de l’ailleurs qui n’est pas un exotisme mais une volonté de partage à partir d’autres coordonnées, une rencontre des différences sur fond de fraternité et de solitude.  

Etre là, parmi tous, s’enchanter du divers.

Être seul, parmi tous, apprendre à se connaître – processus sans fin.

©Alexandre Christiaens

Usant quelquefois de la superposition d’images, Alexandre Christiaens, qui emploie notamment la vidéo dans sa possibilité documentaire et expérimentale (filmer des vagues jusqu’à l’hypnose), n’est pas strictement un réaliste, attentif d’abord au sentiment poétique de l’existence, aux synchronicités, et à la présence des formes quasi autonomes dans un territoire donné.

Nos civilisations s’effondrent, les ruines s’accumulent, les preuves de civilisation sont aussi des témoignages de barbarie.

Des pêcheurs, des pélicans, des infrastructures portuaires, et l’immensité océanique pour diluer nos derniers soubresauts d’orgueil.

©Alexandre Christiaens

Pour qui préfère le gai savoir et la culture populaire aux prétentions de la culture en pot (officielle, académique, signe de domination sociale) et de l’érudition stérile, le quotidien est un terrain de jeu formidable, ouvert à la drôlerie des situations – ah, ces éléphants de mer voraces et burlesques – comme à la cruauté intrinsèque à la condition humaine – les petits d’homme cherchant par le langage, quel qu’il soit, à vaincre la malédiction de la chute de l’Eden matriciel.   

Dans son journal de résidence, Alexandre Christiaens note le 3 avril 2022 : « Ainsi l’océan tapi sous la brume accompagnait le silence du monde. »

Ode aux mots.

Ode au temps.

Ode aux relations.

Ode aux photographes.

©Alexandre Christiaens

Alexandre Christiaens, Valparaiso, texte Alexandre Christiaens, FIFV Ediciones, 2022,

©Alexandre Christiaens

Exposition Valparaiso à l’espace Contretype – œuvres de Alexandre Christiaens, Mat Jacob, Julia Toro, commissariat et projet Alexandre Christiaens / Rodrigo Gomez Rovira – du 29 septembre au 6 novembre 2022 – 300 exemplaires

https://alexandrechristiaens.com/

©Alexandre Christiaens

http://www.contretype.org/

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