
©Emma Krantz
C’est un livre de présence noble et de fantômes.
Il ne faut pas poser trop de mots, le laisser respirer dans son mystère, sous sa couverture bleu roi au titre estampé à chaud, About the thin line in between – publication Sailor Press (Suède), poèmes de Kristoffer Leandoer.
Dans les pièces d’une demeure aux parquets et murs anciens, un manoir sûrement, ou un musée en rénovation, une femme, l’auteure Emma Krantz, danse avec les ombres, se photographiant dans toutes sortes de positions, entre réalité palpable et effacement.
On pense à Francesca Woodman, à Alix Cléo Roubaud, à Marion Grébert, à Veronica Mecchia, à Marjolaine Vuarnesson, à toutes ces artistes cherchant la liberté en se confrontant à l’espace et à leur identité.

©Emma Krantz
Qu’est-ce qu’un corps traversant une pièce nue ?
Qui regarde vraiment le vide ?
A quel moment révèlons-nous notre vraie nature ?
Sommes-nous certains de ne pas être plusieurs dans notre corps ?
Emma Krantz questionne en images notre possibilité de sainteté, ou d’élévation, et la dimension énergétique de sa propre personne.
La charpente est belle, qu’illumine l’ovale d’une fenêtre quadrillée.

©Emma Krantz
Pieds nus sur les planches de chêne, vêtue comme au sortir d’une longue nuit de sommeil, la modèle observe les lieux, tend les bras, s’accroupit, cherche une direction.
Il s’agit d’être là, pleinement, et de s’échapper de soi, de dénouer le chignon d’élégance en rubans de féminité doucement sauvage.
Jouant avec un miroir psyché, Emma Krantz se dénude, devient fœtus, puis, le corps intégralement couvert d’un collant blanc, arachnide.

©Emma Krantz
La dernière image est superbe : une poupée de cire en position de méditation salue en silence la lumière et le bleu résurrectionnel.
C’est un rite.
C’est une délivrance.

Emma Krantz, About the thin line in between, texte (suédois) Kristoffer Leandoer, graphisme Matilda Plöjel, Sailor Press (Suède), 2020, 60 pages – 300 exemplaires

©Emma Krantz
https://sailorpress.com/filter/Emma-Krantz/About-the-thin-line-in-between