Holy Mountain, le sacre des montagnes, par Païen éditions

Imprimé en risographie bleue et noire, Holy Mountain – projet du duo d’artistes iconographes Lia Pradal et Camille Tallent – est une relecture des peintures religieuses du Musée des Augustins, à Toulouse, conçues selon le principe des effets chromatiques de la perspective aérienne.

Cette technique développée à la Renaissance consiste à créer de la profondeur de champ par des dégradés de couleurs.

Il s’agit dans cette étonnante et très belle édition au papier épais de diriger le regard du spectateur sur les montagnes en arrière-plan, généralement peu considérées, des peintures sacrées ou profanes.  

Il n’y a pas d’abord de légende (voir en fin de volume), on ne cherche pas à donner des noms et célébrer tel ou tel artiste (la plupart sont de toute façon anonymes), mais à montrer la façon dont la chorégraphie des gestes et attitudes religieuses (en noir) se met en place devant l’immuable spectacle des roches hautes (en bleu).

Un rayon de soleil perce la brume, provenant du volcan lointain d’un paysage, ou de notre cœur ouvert quelques instants, par l’effet de l’art, à la transcendance.

L’attention portée sur les détails des montagnes révèle des courbes, des dentelles de crêtes, des escarpements mettant la foi au défi.

Moïse reçut les Dix commandements sur le mont Sinaï, les dieux grecs se rient encore de nous sur l’Olympe, et Jésus abandonné ne cesse d’interroger son père sur la colline du Golgotha.

Anne-Laure Belloc, directrice du Printemps de septembre, rappelle avec pertinence cette pensée ésotérique de René Daumal, issu de son Mont analogue (réédité récemment en grand format et honneurs par Gallimard) : « La porte de l’invisible doit être visible. »

Là-bas, alors que la Vierge allaite son enfant, il y a des protubérances.

Là-bas, alors que le fils de Dieu saigne, il y a des mamelons.

Là-bas, alors que le pâtre se repose, il y a la tranquille assurance de la nature.

Tout en haut du défi rocheux, à peine perceptible, il y a des masures, un château peut-être.

Saint François, priez pour nous qui n’atteindrons jamais ces sommets et avons les mains déchirées, intuiles.

Pour une âme telle que la mienne, l’insistance du bleu marial en chaque tableau, de tradition chrétienne ou marqué par le paganisme, est une bénédiction.

On s’agenouille, on lève les yeux, on est absorbé par les nuées pierreuses.

Quand « les bleus s’éteignent dans des teintes de lumière pures » (Axel Hémery, directeur du musée des Augustins), quelle merveille, quel soulagement, quelle paix.     

Holy Mountain, photographies Daniel Martin et Bernard Delorme, textes Anne-Laure Belloc et Axel Hémery, direction éditoriale Lia Pradal & Camille Tallent, Päien, 2022, 54 pages – 300 exemplaires

https://paien.info/

https://paien.info/Holy-Mountain-1

Holy Mountain est une coproduction avec le Musée des Augustins et le Printemps de septembre

https://www.augustins.org/fr/

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