Ecrivains américains, sur un air de blues, par Jean-Luc Bertini, photographe, et Alexandre Thiltges, auteur, enseignant-chercheur

©Jean-Luc Bertini

Fasciné par les Etats-Unis, auteur d’un livre superbe publié en 2020 chez Actes Sud, Américaines Solitudes, Jean-Luc Bertini, par ailleurs membre actif par ses portraits d’écrivains de la revue La Femelle du Requin, a conçu, avec Alexandre Thiltges, deux impressionnants volumes consacrés à la littérature américaine, Amérique des écrivains en liberté (Albin Michel, 2016) et le tout nouveau Amérique des écrivains en majesté.

Pratiquant avec maestria l’art de l’entretien, Jean-Luc Bertini et son complice universitaire font l’état des lieux d’une littérature passionnante, complexe, foisonnante, qu’ils s’emploient à mieux faire connaître aux lecteurs francophones.

Leur devise ? « What matters most is how well you walk trough the fire » (Ce qui compte le plus, c’est la façon dont vous traversez les flammes – citation de Charles Bukowski tatouée sur le bras de Michael Farris Smith)

Jean-Luc Bertini a répondu à mes questions.

©Jean-Luc Bertini

Huit ans après un majestueux premier tome consacré aux écrivains de l’Ouest américain – en passant par le Minnesota, le Montana, le Texas et l’Etat de Washington – intitulé Amérique des écrivains en liberté, votre éditeur, Albin Michel, publie un deuxième volume, Amérique des écrivains en majesté, consacré aux écrivains du Sud et de la côte Est, de la Nouvelle-Orléans à New York. Pourquoi une telle passion pour les Etats-Unis et la littérature américaine ? Que représente-t-elle pour vous ?

Parce qu’elle m’a fait rêver, et que j’en avais grand besoin tant je traînais les pieds dans ma lointaine banlieue. Cela prend d’abord sa source dans des albums et des lectures d’enfant (Tex Willer en Italie et Lucky Luke en France tiennent une place importante dans ce panthéon-là), puis ensuite dans mon goût des westerns que je regarde ébloui au pied du lit matrimonial (La dernière séance d’Eddy Mitchell a compté). Là, je découvre une géographie fabuleuse, celle des grands espaces, qui s’impriment durablement en moi. Les choses qu’on a aimées dans notre enfance grandissent avec nous. Enfin, ce sont des lectures durant mes années de fac de Lettres (je songe notamment aux livres de John Fante dont la découverte vaut pour moi une sorte de saisissement) qui contribuent à poursuivre le rêve. J’ai d’ailleurs failli aller étudier la poésie américaine dans une université de la côte Est, mais me suis dégonflé au dernier moment… Et je ne sais pas (ou je ne sais plus) s’il me faut parler de passion (le mot fascination conviendrait mieux je crois) ; s’il y a eu passion, je dois dire qu’elle s’est drôlement érodée avec le temps et les voyages (j’ai un peu écrit pourquoi dans Américaines Solitudes) ; car c’est aussi un pays que j’ai de plus en plus de mal à saisir (mais peut-on censément comprendre un pays de quelque 340 millions d’habitants ?). On y trouve si bien concentrés le Bien et le Mal, pour parler comme un évangéliste, que tout procès paraît aussitôt invalidé… Je n’aurais jamais pu en tout cas imaginer que ce pays, et sa littérature, deviendraient aussi importants dans mon travail.

©Jean-Luc Bertini

Comment est né votre projet, mené avec Alexandre Thiltges, auteur et traducteur, par ailleurs enseignant à l’université de Baylor (Texas) ?

En résumé, on se rencontre par hasard en 2007, et on se découvre une passion commune pour la littérature américaine. Le projet naît la même année, mais va se poursuivre des années durant… La raison, c’est que pour ce premier livre, nous n’avions pas d’éditeur, et que nous n’avancions qu’au désir et à l’adrénaline. Pour le second opus, musclés d’un contrat et gratifiés d’une aide du CNL, les choses ont forcément été pour nous plus apaisées, plus relax.

©Jean-Luc Bertini

Comment êtes-vous parvenu à convaincre votre éditeur, Francis Geffard, de vous suivre dans une entreprise de si longue haleine, menée sur presque vingt ans ?

Comme je l’ai dit précédemment, Le premier tome était achevé lorsqu’on lui proposa notre projet auquel je dois dire on ne savait plus trop quoi penser… Notre foi, à Alex et à moi, commençait à être un peu entamée après tant d’années… Francis s’est montré assez vite enthousiaste, mais il lui a fallu convaincre le big boss… Quant au deuxième volume qui vient de paraître, le succès du premier a joué en notre faveur, mais là encore, même si notre éditeur était de notre côté, les questions économiques ont largement été débattues en haut lieu… Mais enfin, je dois dire que son soutien aura été important et déterminant dans cette aventure éditoriale.

©Jean-Luc Bertini

Comment s’est opérée la sélection des écrivains choisis pour ce volume ? Y a-t-il eu débat ?

Par la discussion, les échanges entre Alexandre, notre éditeur et moi. Il y eut d’abord les noms qui se sont imposés d’emblée. Puis, chacun a proposé, a suggéré, voire a défendu ses choix !

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Des écrivains manqueraient-ils à l’appel ? Avez-vous essuyé des refus de rencontre ? Votre corpus compte trente-deux noms.

Oui, comme je l’écris dans le livre, des auteurs manquent à l’appel, soit parce qu’ils sont devenus des âmes errantes (je songe à Pete Dexter), ou bien sont morts trop tôt (Toni Morrison, Harry Crews, Nick Tosches, James Salter, ou plus récemment Paul Auster…). J’ai aussi quelques petits regrets personnels, mais rien de méchant ! Et puis, il y eut aussi quelques demandes restées lettres mortes (Chimamanda Ngozi Adichie, Donna Tartt, Patti Smith), et bien sûr nous aurions aimé inclure le grand Bruce Springsteen ou un Bob Dylan, mais il ne fallait pas trop rêver quand même !

©Jean-Luc Bertini

Comment avez-vous procédé sur un plan logistique ? Combien de voitures avez-vous épuisées dans votre odyssée américaine ?

La logistique n’était pas simple car Alex vivait au Texas et moi en région parisienne. Aussi, je me suis callé sur ses vacances de prof, et nous avons essayé de rationnaliser chaque voyage. Je n’ai pas compté le nombre de voitures empruntées, une bonne dizaine sans doute, mais si quelques-unes ont eu des soucis de mécanique, aucune n’aura été emboutie !

©Jean-Luc Bertini

Quelles sont vos rencontres les plus marquantes, les plus saugrenues, voire les plus difficiles, lors de ce second périple ?

Je ne parlerais que pour moi, puisque je suis le seul à répondre. L’une des plus marquantes (je ne parle que de celles du dernier volume), restera celle de Russell Banks que nous revoyons chez lui à Keen (et que nous avions déjà rencontré ici en 2009, et pour ma part plusieurs fois à Paris). Marquante donc, car je ne me doutais pas que ce serait la dernière, puisqu’il s’est éteint en 2023. C’est un écrivain que j’estimais beaucoup. Je parlerais également de la rencontre de James McBride dans l’église familiale à Brooklyn dans le quartier de Red Hook. Un écrivain, doublé d’un musicien, assez exceptionnel. De celle de Dinaw Mengestu à Bard qui nous reçoit chez lui dans sa famille pour un dîner somptueux. Des retrouvailles avec Chris Offutt désormais installé dans la campagne d’Oxford, dans le Mississippi. Ou bien encore celle d’Eddy L. Harris, installé en France depuis presque quarante ans et qui a tant d’humour et d’humilité, de Jesmyn Ward enfin que nous rencontrons le lendemain d’une effroyable tuerie raciste dans l’Etat de New York (l’assassin s’en était pris à un quartier principalement habité d’afro-américains). Et comme elle ne répondait pas toujours à ses emails, j’ai même pensé un moment qu’elle annulerait notre rendez-vous, par « écœurement de l’homme blanc. »


Eddy L. Harris ©Jean-Luc Bertini

Votre premier volume était placé sous la protection de Jim Harrison. Russell Banks n’est-il pas votre saint patron pour le second tome ?

Oui, sans aucun doute. C’est à lui par exemple que l’on doit d’avoir eu la chance de rencontrer la très grande Joyce Carol Oates.

Lauren Groff ©Jean-Luc Bertini

Quels livres conseilleriez-vous à un jeune lecteur d’aujourd’hui ne connaissant que très peu la littérature américaine contemporaine ?

De commencer banalement par lire des classiques. Il y a tant et tant de noms, de livres, et d’univers, que cela n’est pas aisé de donner des conseils. Je peux cependant énoncer quelques noms d’auteurs incontournables à mes yeux, en signalant un ou deux livres au moins. M. Twain (Les Aventures de HuckleberryFin), J.Steinbeck (Les Raisins de la colère), W. Faulkner (Sanctuaire, Les Palmier Sauvages), H. Melville (Moby Dick), Hemingway (Pour qui sonne le glas), J. Kerouac (Sur la route), J. Baldwin (L’Homme qui meurt), S. Bellow (Herzog), J. Fante (Bandini, Demande à la poussière), R. Brautigan (Mémoire sauvée du vent), E. Warthon (Le Temps de l’innocence), H. Miller (Tropique du Capricorne), D. Hammett (La clé de verre), J. London (Martin Eden)… Et plus près de nous, il y aurait J. Harrison (Dalva), R. Ford (Independance), R. Banks (Sous le règne de Bone), J-C Oates (Paysage perdu), L. Kasischke (Les Revenants), T. Morisson (Le chant de Salomon), P.  Auster (La trilogie New-Yorkaise), Powers (Le temps où nous chantions), M. Robinson (Gilead), J. McBride (La couleur de l’eau)… Je pense que pour commencer cela devrait suffire (je regrette déjà ceux que je n’ai pas cités…).

©Jean-Luc Bertini

Vous citez en préface un livre peu connu de John Steinbeck, Voyage avec Chaley, publié en 1960. Pourquoi est-il important pour vous ?

Ce n’est pas son livre le plus connu de lui, mais je le trouve pour ma part passionnant. Steinbeck n’a pas encore son prix Nobel en poche qu’il décide d’aller prendre le pouls de son pays dans les années soixante (quelques années à peine après Les Américains de Frank…) au volant de son mobile home et uniquement accompagné de son chien. Une sorte de On the road version séniore. C’est drôle, sensible, parfois féroce, et le portrait qu’il fait du pays est encore valable aujourd’hui !

©Jean-Luc Bertini

Vous constatez, au terme de votre voyage de plusieurs milliers de kilomètres, que les Etats-Unis sont plutôt désunis. Etes-vous inquiet ? Qu’avez-vous perçu ? La ségrégation raciale est-elle encore quelquefois très perceptible – Jesmyn Ward et Tom Franklin, par exemple, ne cessent de la décrire -, des années après l’élection de Barak Obama à la présidence suprême ? Les clivages ethnico-sociaux se sont-ils accrus depuis votre premier séjour américain ?

Inquiet, oui ! Comment ne le serait-on pas lorsqu’on voit se profiler les prochaines élections américaines avec la possible réélection d’un homme aussi populiste, raciste, grossier et immature, et j’en passe ! C’est effrayant. Comment est-ce possible ? Que dire qui n’aurait déjà été dit ? Même si la formule me paraît un peu usée, je crois l’Amérique plus fracturée que jamais, et tous les conflits mondiaux présents et larvés s’ajoutent dans l’exaspération des deux camps.

William Boyle ©Jean-Luc Bertini

New York est-elle une ville américaine ou la percevez-vous avec les écrivains que vous avez interrogés comme à part ? Pourquoi des écrivains aussi new-yorkais que William Boyle et Nathaniel Rich sont-ils partis vivre dans le Sud ?

Dans le paysage américain, je partage cette idée communément admise que New York est une ville à part, et je crois que quiconque a un peu voyagé dans ce pays s’en rend très vite compte. C’est une ville aux racines très européennes, emblème du « melting pot », une ville qui me paraît regarder plutôt du côté de l’Europe que vers le reste des Etats-Unis.

Les deux auteurs que vous citez ont des raisons qui leur sont propres, mais on peut quand même avancer qu’ils ont en commun d’avoir voulu prendre de la distance avec leur ville d’origine, afin de mieux se concentrer sur leur de travail d’écriture.  

Colum Mc Cann ©Jean-Luc Bertini

Tom Cooper, comme quelques autres écrivains que vous avez rencontrés, vit à La Nouvelle-Orléans. Pourquoi cette ville attire-t-elle tant ?

C’est une ville qui bouillonne de traditions et d’une énergie multiculturelle rare aux Etats-Unis. Les problèmes y sont les mêmes, mais c’est une ville festive, très vivante. Cooper le raconte bien dans le livre.

Colson Whitehead ©Jean-Luc Bertini

Il me semble que votre livre est peu favorable aux ateliers d’écriture, peut-être parce que les véritables écrivains sont fondamentalement des réfractaires. Qu’en pensez-vous ?

Je n’ai pas d’avis tranché sur la question et je ne crois pas que le livre en fasse le procès. Car on serait surpris de voir combien la liste est longue d’écrivains (et de très fameux parfois) qui sont passés par un atelier d’écriture. C’est une tradition qui s’appuie sur le bon pragmatisme américain : si écrire est un métier rémunérateur, pourquoi ne peut-on pas l’enseigner, et de surcroit l’apprendre ? En Europe, on a là-dessus une vision (que je partage) très romantique : l’écrivain trouve seul sa voix littéraire. Mais j’ai le sentiment que les choses changent (lorsque j’étais étudiant en Maîtrise de Lettres il y a une bonne vingtaine d’année, l’écrivain Paul Fournel avait été invité dans le cadre d’un atelier d’écriture), et il y a aujourd’hui à l’université des Master d’écriture…

©Jean-Luc Bertini

Ron Rash et Barbara Kingslover vivent dans les Appalaches, David Joy dans les montagnes de Caroline du Nord et Matthew Neill Null dans les montagnes de Virginie-Occidentale. Quels points communs percevez-vous entre ces écrivains ?

Ils ont en communs d’appartenir à une géographie reculée, arriérée au sens étymologique du terme, autrement dit laissée en arrière, et économiquement très marquée par la pauvreté et des fléaux plus dévastateurs encore (les opiacés notamment). C’est un bon ferment pour le ressentiment, la rancœur, et la colère.


Vivian Gornick est une journaliste, écrivaine américaine et activiste féministe ©Jean-Luc Bertini

Quelles sont selon vous les écrivains parlant avec le plus d’acuité de la condition féminine ? Lauren Groff ? Vivian Gornick ?

Les deux en parlent, mais chacune utilise des moyens différents. Je ne saurais dire qui d’entre elles en parle avec plus d’acuité ; Groff déploie la question dans des romans vertigineux, au cœur de vastes intrigues familiales, alors que Gornick aborde la question à hauteur d’elle, en utilisant la veine autobiographique.

Siri Hustvedt ©Jean-Luc Bertini

Qui sont les plus formalistes ou expérimentaux parmi ceux que vous avez interrogés ?

Je ne suis pas professeur de lettres, mais je pense que Siri Hustvedt serait la plus formaliste, et que Joyce Carol Oates, dans sa frénésie scripturaire, sans doute la plus expérimentale, tant elle semble aborder dans ses livres tous les champs de la littérature.

Joce Carol Oates ©Jean-Luc Bertini

Comment présenter justement en quelques mots la prolifique Joyce Carol Oates, dont on peut conjecturer qu’elle obtiendra un jour le Prix Nobel de littérature ?

C’est une femme qui ne vit que pour la littérature et qui s’y emploie sans relâche, sans pour autant qu’elle se sente écrire trop, ou d’avoir le sentiment de se tuer à la tâche. Elle est sans enfant, écrit tous les jours depuis longtemps, et s’applique une discipline rigoureuse de travail. Il faut lire son livre Paysage perdu pour comprendre combien la question littéraire est enracinée chez elle depuis ses plus jeunes années et combien celle-ci occupe une place centrale, dévorante dans sa vie.

Russell Banks ©Jean-Luc Bertini

Russell Banks déclare : « Je pense que tout acte est politique, et l’écriture, comme la langue et la communication, en fait partie. Même lorsque l’on pense ou que l’on tente de ne pas en faire, on fait de la politique. » Votre livre comporte-t-il ainsi selon vous une dimension politique ? Pourquoi, par ailleurs, Lointain souvenir de la peau (2011) gêne-t-il en son pays ?

Je ne sais trop comment répondre à la première question. Disons que donner la parole à des écrivains dont les œuvres sont la plupart du temps dissidentes, et qui, à l’unanimité, sont de bons démocrates anti Trump, dans une époque mouvementée politiquement, sans doute qu’en cela, peut-on dire que le livre assume sa part de politique. Et si ce livre de Banks a tant déplu à son pays, c’est sans doute parce qu’il frappe à l’endroit du politiquement correct, en soulevant plusieurs questions embarrassantes, comme celle de la perversité qui est au cœur du livre. Et puis, dans mon souvenir (mais il se peut que je me trompe car il est lointain), il n’y a point de rédemption, si chère à l’Amérique !

Au fond, qu’est-ce qu’être un écrivain américain ?

A mes yeux, c’est quelqu’un qui a d’abord les pieds dans sa région, dans son territoire. C’est de là qu’il puise les idées de ses récits. Je le vois également aimer raconter des histoires comme on aimait autrefois écrire des épopées, et dont l’aventure vécue est la trame de son récit ; une trame dont la synthèse viserait à l’émancipation, la recherche de liberté de son narrateur.

Ron Rash ©Jean-Luc Bertini

Votre livre n’est pas qu’un recueil de textes et de portrait d’écrivains, c’est aussi une formidable découverte par vos photographies de l’Amérique contemporaine. Est-ce en quelque sorte un addenda à votre ouvrage publié en 2020 chez Actes Sud, Américaines Solitudes, dont les textes étaient signés par Richard Ford et Gilles Mora ? Qu’avez-vous eu le plus de difficultés à photographier ? Le plus de plaisir ?

Merci. Peut-être en effet l’est-il un peu, car je vois en effet des images dans ce livre faites avec le même boîtier 6×7 qui auraient très bien pu figurer dans Américaines Solitudes. Certains portraits n’ont pas été simples à faire pour des raisons diverses, et quant au « plus de plaisir », je crois qu’il aura été atteint avec mon voyage dans les Appalaches.

©Jean-Luc Bertini

Avez-vous des regrets ? des exaltations renouvelées ? Comment revient-on d’une telle saga dans la littérature américaine ? Y aura-t-il une ou des suites ? Des expositions prévues ?

Disons d’abord, qu’une aventure sans regret paraîtrait quand même anormale, suspecte, alors oui, j’ai quelques regrets de ne pas avoir pu rencontrer tel ou tel auteur… Quant aux exaltations, retrouver déjà mon binôme Alex, en était à chaque fois une ! Et puis chaque rencontre nous valait également d’être très exaltés.

D’une telle « saga américaine », on en revient avec des sentiments mêlés dont j’ai parlé précédemment, mais avec cependant la confirmation que les (bons) écrivains sont des contre-feux à la bêtise ambiante. Quant à une suite, n’y comptons pas, il faut savoir refermer le livre quand il est terminé. Ce qui ne veut pas dire que j’en ai fini avec ce pays, il reste des idées dans les tiroirs. Il y a eu une grande expo au dernier festival America à Vincennes avec une belle projection de mes images de New York lors de la soirée Colson Whitehead, mais rien d’autre à signaler pour le moment.

©Jean-Luc Bertini

Où en est votre revue de littérature, La Femelle du Requin ? Fêterez-vous son trentième anniversaire en 2025 ? Comment ? Avec quels auteurs ? Selon quelles thématiques ?

Elle poursuit sa nage au même rythme, qui comme vous le rappelez, la conduira à fêter ses 30 ans l’année prochaine. Une fête avec tables rondes et lectures devrait avoir lieu autour de mai-juin. Au menu du prochain numéro, de très belles retrouvailles (car la précédente entrevue avait eu lieu en 2003) avec Olivier Rolin chez lui à Paimpol, menu qu’il partage avec l’écrivaine argentine Mariana Enriquez, et avec Louise Bentkowski dans la nouvelle rubrique « Les débuts ».

Propos recueillis par Fabien Ribery

Amérique des écrivains en majesté, volume 2, direction éditoriale Francis Geffard, direction artistique Jean-Luc Bertini, création graphique et mise en page Théo Geffard, fabrication Alix Willaert, Albin Michel, 2024, 336 pages

Auteurs présentés : Nana Kwame Adjei-Brenyah, Russell Banks, William Boyle, Taylor Brown, Tom Cooper, Michael Farris Smith, Beth Ann Fennelly, Tom Franklin, Melissa Ginsburg, Vivian Gornik, Lauren Groff, Eddy L. Harris, Siri Hustvedt, David Joy, Barbara Kingsolver, James McBride, Jay McInerney, Daniel Mendelsohn, Dinaw Mengestu, Mary Miller, Rick Moody, Matthew Neill Null, Joyce Carol Oates, Chris Offutt, Julie Otsuka, Ron Rash, Nathaniel Rich, Gary Shteyngart, Jesmyn Ward, Brad Watson, Colson Whitehead

https://www.albin-michel.fr/amerique-tome-2-9782226447098

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