©Fonds photographique Gustave Roud/Subilia, BCUL, AAGR « Cet homme au souffle court, aux lèvres noires, avec sa canne et sa caissette pleine de bêtes étranglées, c’est lui qu’on a trouvé pendu dans sa grange, un soir d’arrière-automne… » Publié en 1945, Air de solitude, de l’écrivain francophone suisse Gustave Roud (1897-1976), collige trente-sept textes brefs parus en…
Étiquette : éditions Zoé
Nicolas Bouvier, poète jusqu’à la moelle
« Ce midi-là / la vie était si égarante et bonne / que tu lui as dit ou plutôt murmuré / ‘va-t’en me perdre où tu voudras’ / Les vagues ont répondu ‘tu n’en reviendras pas’ » (Nicolas Bouvier, poème Le point de non-retour, Trébizonde, 1953) Les amis de Nicolas Bouvier sont très nombreux, et peut-être de…
Pauvres poètes travaillons, Blaise Cendrars en toutes lettres
L’intérêt exceptionnel de la correspondance de Blaise Cendrars (1887/1961) à Jacques-Henry Lévesque (1899/1971), son fidèle secrétaire d’édition et premier lecteur, est de permettre de suivre, pas à pas, l’auteur de L’Or dans l’élaboration de chacun de ses livres. Au fil du temps, Jacques-Henri Lévesque passe du statut de simple admirateur à celui de commentateur de…
On mène une vie étrange et merveilleuse, Nicolas Bouvier et Thierry Vernet, le feu des lettres sur la route
« Le voyage se passe très bien. J’ai largement la place de m’étendre, j’ai pioncé la nuit dans mon sac. J’étais super pépé et le foie qui tirait un peu. J’ai bouffé que des pommes. Mais ce voyage est nettement vacances. Je suis accroupi sur un plumard et ça roule. Tout à l’heure j’ai fumé une…
Blaise Cendrars et le Paris des écrivains, par les éditions Alexandrines racontées par elles-mêmes
Paraissent très régulièrement – au pas vif du marcheur urbain – dans la collection « Le Paris des écrivains », des éditions Alexandrines, de précieux petits livres conçus comme des précipités de saveurs, des manières d’accéder à la ville capitale par le regard d’un écrivain majeur y ayant laissé son beau fantôme. Parmi les derniers en date…
L’Europe comme espace d’inspiration, par le germaniste Peter von Matt
Le philosophe et romancier Denis Diderot (1713-1784) donne dans L’Encyclopédie une définition parfaite de la nation : une certaine quantité de peuple, rassemblé sur un territoire donné, et se plaçant sous l’autorité d’un même gouvernement. Cette définition peut paraître minimale, mais elle évite bien des malentendus. Il ne s’agit pas en effet comme chez Johann Gottfried…
Le moment coréen (1)
Dans une pension défraîchie de Sokcho, petite ville portuaire de la Corée du Sud, non loin des barbelés de la frontière avec le Nord communiste, débarque le Normand Yan Kerrand, auteur de bandes dessinées. Nous sommes en hiver, il y a peu de clients, tout fonctionne au ralenti, mais le cœur va bientôt régulièrement battre…
Les chemins de l’inquiétude, par le dessinateur Louis Soutter
Louis Soutter est né près de Lausanne (Suisse) en 1871. A seize ans, le voici observant à la dérobée le corps des jeunes filles à qui sa mère donne des leçons de piano. A l’école, on remarque qu’il reste souvent à l’écart de ses camarades.Eugène Très bon violoniste, il sera bientôt, au conservatoire de Bruxelles,…
Les fraises du Campo Santa Margherita, par Matthias Zschokke, écrivain suisse à Venise
Quand on aime Venise pour sa qualité de présence, la possibilité qu’offre au promeneur cette Souveraine d’entrer dans une solitude féconde, sa beauté inimaginable, le moindre livre relatant sans fausse pudeur l’expérience de sa rencontre est reçu comme une invitation à la retrouver, intacte, distante, aristocratique, triviale, et salvatrice. Invité en 2012 par une fondation…
La catastrophe qui vient, Walter Benjamin en France
On n’a peut-être pas assez pris la mesure de l’immense courage de Walter Benjamin, sa mort par suicide à Portbou, à la frontière des Pyrénées espagnoles, et sa réputation de malchanceux (lire Hannah Arendt à propos du thème/poème du « bossu » dans le texte qu’elle consacra en 1971 à son ami), ayant orienté l’approche du grand…
Reprendre vie, maintenant, par Paolo Cognetti
Il faut souvent savoir rompre pour reprendre vie. Paolo Cognetti, écrivain milanais apprécié pour son talent de nouvelliste, décide de passer plusieurs mois, plusieurs saisons, dans les montagnes du Val d’Aoste qu’il avait délaissées depuis bien trop longtemps (dix ans). La vie dans la grande ville devenait impossible, il fallait partir : « Il y a quelques…