Monastère La Clarté Notre-Dame « Note du 19 septembre 2012 : « Ne pas oublier, ce printemps, la petite cloche des vêpres à la Clarté Notre-Dame, d’une incroyable limpidité dans le grand paysage gris et silencieux – vraiment comme une espèce de parole, d’appel ou de rappel, un tintement pur, léger, fragile et pourtant net – dans la…
Étiquette : Rilke
Le commencement de la terreur, par Patrick Bogner, photographe
« Je voudrais me contenter d’une seule parole, écrit Maurice Blanchot dans L’écriture du désastre (1980), maintenant pure et vive dans son absence, si, par elle, je n’avais à porter tout l’infini de tous les langages. » Dans une adresse à l’ethnologue et écrivain Jean-Yves Loude (Un Cargo pour les Açores, Actes Sud, 2018), reproduite en préface…
Dessiner le silence, apprivoiser le noir, par Anne Gorouben, artiste
J’ai découvert le travail graphique d’Anne Gorouben grâce à Léa Veinstein, ayant choisi pour l’illustration de couverture de l’édition de sa thèse, Les philosophes lisent Kafka, Benjamin, Arendt, Anders, Adorno (Editions de la Maison des sciences de l’homme, 2019), un pastel sec sur carton intitulé Berlin W. Emu par la profondeur de silence et de…
Guillevic avant Guillevic
« Je crois que si quelqu’un lisait ce carnet il n’y verrait pas mes inquiétudes, mes tourments. J’ai l’air si sûr de moi, si tranquille. Mais tout l’intérêt du Carnet est justement là – meilleure arme contre la folie toujours menaçante. » C’est par la publication de Terraqué, en 1942, que Guillevic, alors Résistant et…
La présence, entéléchie de l’apparaître dans la poésie et l’art moderne, par Pascal Dethurens
« Qui peut se passer de tout obtiendra tout, car alors il sera logé au cœur du vivant. » La notion de présence est centrale dans la poésie et l’art moderne. Pascal Dethurens, professeur de littérature à l’Université de Strasbourg, en a fait le sujet d’un livre savant et savoureux, L’Emerveillement. Comment rencontre-t-on le réel…
La terre se meurt, la terre est morte, par Jean Clair, écrivain
« Je suis entré dans la saison du saisissement, qui est la saison du dessaisissement. Séparé de ce que je croyais être moi et qui me donnait contenance et chaleur. Désemparé, sans rempart. » On peut s’alarmer et s’agacer de l’antienne de la disparition progressive des « racines judéo-chrétiennes de la France » et de…
Un kouglof de proximité pour Paul Otchakovsky-Laurens, par Dominique Fourcade, poète
« nous cherchons tous à ne pas le quitter. mais ce n’est pas facile, il nous échappe, parce qu’il a été comme édité par ses livres, adolescenté par eux, innocenté » Ce sont deux cent cinquante-six auteurs en quête d’un éditeur naufragé. C’est un poète, Dominique Fourcade, foudroyé un mercredi 3 janvier, par l’annonce de la disparition…
Au commencement était l’émotion, par Paul Cézanne, Martin Heidegger, et Hadrien France-Lanord
En Paul Cézanne, Martin Heidegger a rencontré un peintre du dépassement de la métaphysique faisant écho à ses propres recherches. Il ne s’agit pas pour le maître aixois de représenter plus ou moins sentimentalement un paysage contemplé comme pure extériorité, mais de répondre en couleurs au mystère et à la force d’un motif agissant…
La poésie comme demeure, et machine, par Célia Houdart, Sabrina Ambre Biller, Jacques Cauda, Alain Jugnon, Christiane Veschambre et Frank Smith
« Tes lèvres sont comme un fil cramoisi, / Et ta bouche est charmante ; / Ta joue est comme une moitié de grenade, / Derrière ton voile. » (Le Cantique des Cantiques) J’ai rassemblé sur ma table de travail (dans un bar) quelques livres de poésie (sens large s’étendant à la parole parlante, soit toute la littérature)…
Sortir du cauchemar de l’histoire, par la romancière Frederika Amalia Finkelstein
« Journal fictionnel », Survivre, deuxième livre de Frederika Amalia Finkelstein, est une œuvre écrite avec un sentiment d’urgence, dans une époque dominée par la terreur propagée stratégiquement par l’internationale des amis de la mort. Impossible pour la narratrice de ce beau livre bref, coupant, nécessaire comme un exorcisme, une purification, ou une continuité de respiration, d’échapper…
Hannah Arendt, la poésie permanente
On ne s’attendait peut-être pas à découvrir, chez l’auteur des Origines du totalitarisme, une poétesse convaincue. Pourtant, de 1924 à 1961 (procès Eichmann), Hannah Arendt écrivit « plus de soixante-dix textes et aphorismes poétiques », tous rédigés en allemand, et de nature le plus souvent élégiaque. « Qu’est-il resté de toi ? / Pas plus qu’une main , /…