
Correspondances est une exposition de Richard Volante organisée à l’occasion de la résidence photographique Images en Baie, comprenant une cinquantaine d’images de grand format réparties entre neuf communes de la baie du Mont-Saint-Michel, Genêts, Pontorson, Beauvoir, Saint-Quentin-sur-le-Homme, Sartilly, Précey, Ducey, Avranches, Mont-Saint-Michel.
Ce sont des diptyques exposés en plein air, des dialogues entre des habitants et des paysages qui leur sont chers, la force de paroles associées à des lieux restitués de façon presque tremblante par la pauvreté hardie du sténopé adapté à un boîtier numérique, soit un dispositif très simple de captation de la lumière faisant de chaque image un petit miracle d’apparition, comme un accouchement de paysage.

Correspondances, c’est aussi un livre, publié par les Editions de Juillet, accompagné d’un texte du philosophe libertaire Michel Onfray.
« Chacun ignore souvent qui il est, et tel se prend pour un lac qui est une flaque, ou tel autre pour une autre futaie qui n’est qu’une herbe folle ; l’un s’imagine une toundra sans fin et n’est guère plus qu’un jardin de curé à l’abandon. »
Qu’est-ce qu’un paysage ? Quel lien établir entre territoire et identité ? Comment habiter poétiquement le monde ? Quels partages possibles ?

Si les habitants interrogés sur leur relation sensible au lieu qu’ils habitent et qui les féconde sont représentés en noir et blanc de façon frontale, directe, proche, les paysages sont de couleurs atténuées, et de formes légèrement floues, comme un flottement de rêves, une matière de surréalité naturelle.
Le vernaculaire se réinvente en grâce d’élégie, sans tonitruance.
L’impression de photogrammes tombés d’un film couleur des années 50 fait de chaque image un précipité de temps, né d’une poétique assumée de la modestie du dispositif.

Des coquillages, des prés-salés, des arbres, des ciels, des ponts, des vallons, des sentes, des bâtiments, des villages lointains, des solitudes, un marché, des grèves, un pont, des vaches, des ramures, des chevaux, des présences saintes. Et toujours, dans la conversation muette entre sujet humain et paysage, des yeux qui nous regardent franchement, des yeux qui ont vu ce que nous essayons de voir par eux, le beau mystère de ce qui les touche.
Un adolescent : « Quand on est en mortes-eaux, c’est facile d’aller à Tombelaine. »
Zoé, créatrice d’une power salad à partir d’une cinquantaine de plantes poussant près de chez elle : « Ici, dans la baie, on a tous cette pulsion énorme. Il y a même le goût des embruns dans ce que je produis. (…) c’est tellement chouette ici. Je ne veux pas vraiment le garder juste pour moi. »

Correspondances est un livre d’histoires, celles qui viennent à nous par la tradition, celles qu’on se raconte, celles qu’on transmet, et qui construisent le récit ouvert d’un territoire qui nous invente comme nous parvenons à l’habiter, en langue, en poids de chair, de songes, d’espoirs et de deuils.
Laurent : « En un an et demi, un herbu s’est constitué, avec toutes les plantes pionnières de la baie, dont la salicorne. Et en une marée, deux ou trois hectares de tangue, haute de deux mètres par endroits, ont complètement fondu, disparu. Impressionnant. Voilà, c’est la baie dans tous ses états. »

Apparaît dans plusieurs témoignages le mot « magique ».
Il semblerait que le mot convienne pour désigner les images du réaliste préraphaélite Richard Volante.
Richard Volante, Correspondances, textes de Michel Onfray, Xavier Bailly, Loïc Bodin, édition bilingue (français / anglais), Les Editions de Juillet, 2017, 204 pages
Se procurer London méridien zéro
De « A » comme Alain, à « Z » comme Zoé, retrouvez dans leur intégralité les entretiens avec les habitants de la Baie du Mont-Saint-Michel, enregistrés par Richard Volante : http://images-en-baie.fr/entretiens-images-en-baie
Félix
J’aimeJ’aime