

Le temps a passé, il n’est même pas passé, c’est le petit point d’un nageur dans une eau immuable.
Porquerolles est de ces lieux qui happent, ou rejettent, une île.
Le photographe Bernard Pesce y vit depuis longtemps, depuis toujours. Il y connaît chacun, en ses humeurs et territoires. C’est un enfant d’un pays frangé de chênes, d’eucalyptus et de calanques.


Porquerolles est la plus à l’ouest de toutes les îles d’Hyères, devenue parc national en 2012, après avoir été achetée par l’Etat français en 1971.
Comme partout ailleurs en Méditerranée, sa nature y est menacée par la folie ou simplement l’appétit de jouissance illimitée des hommes se trompant souvent sur la véritable source du désir.
Les photographies en noir & blanc de Bernard Pesce sont des voiles de protection pour une île à bien des égards paradisiaque, et très grecque.


Un pope apparaît. Rien de plus naturel là où règnent les brumes matinales, ces nuées hellènes.
Occupée par les Celtes, les Ligures et les Phocéens, Porquerolles connaît la vertu des mélanges. Bernard Pesce est d’ailleurs d’origine italienne.
Frère de l’Indien Bernard Plossu, qui a lui aussi photographié Porquerolles (et Port-Cros) pour les éditions Images en Manœuvres, l’artiste revenu vivre dans son île en 1999 après une carrière menée à Paris ouvre ses archives pour Arnaud Bizalion, qui lui offre un bel écrin, Porquerolles, les années douces, qui est bien davantage qu’un livre personnel, un patrimoine commun de l’humanité.


Ici le cœur fou robinsonne, et rêve d’y enlever quelque nymphe bronzant nue sur une plage déserte.
A la souveraineté de la nature répond le silence de fond, ou la parole qui enchante.
Ce charme est constitué de quarante années de photographies dans une île que Bernard Pesce parcourt en tous sens depuis son enfance.


Connaissance par les pieds, par les rencontres (au bar de l’Escale, sur la place du marché, au détour des sentiers), par les yeux grands ouverts.
Passe un ferry vers la Corse emportant peut-être Pierrot le fou muni d’un bâton de dynamite.
Il y a ici des enfants de corsaires, et des captives volontaires éprises de leur barbare.

« Meilleur joueur de pétanque porquerollaise », Bernard Pesce n’est pas non plus le moins inspiré des photographes, dont la mémoire photographique est un embarquement pour Cythère.
Bernard Pesce, Porquerolles, les années douces, textes de François Carrassan, Jacqueline Guiramand, Olivier Martocq, Eric Nanni, Bernard Plossu, Arnaud Bizalion Editeur, 2018, 114 pages

Toujours aussi intuitivement poétique, irrésolu ment joyeuse, plus que pénétrante, caresssnte comme issue du don, tu chroniques le songe d une nuit d été et la chaire rendue à sa langueur ainsi qu à son désir… chaire porteuse du songe étoilé et étarque, comme une voile porteuse de vent… tout cela par le souffle de l esprit, ce « spiritus issu de l anima…. PT
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